Accueil > CINECSTASY > D > DANS LA PEAU DE JOHN MALKOVICH
DANS LA PEAU DE JOHN MALKOVICH
Malkovich, Malkovich ? Malkovich
samedi 3 février 2007, par
Spike JONZE (1969-)
Etats-Unis, 1999, Being John Malkovich
avec John Cusack, Cameron Diaz, Catherine Keener & John Malkovich
Marionnettiste doué et dévoré par la concupiscence, Craig Schwartz n’est pas heureux dans la vie. Son art ne rencontre que l’incompréhension du passant ou la colère des pères, scandalisés par l’histoire d’Héloïse et Abélard qu’il met en scène avec talent et positions éminemment suggestives en pleine rue. Dans son foyer, il se sent envahi par la ménagerie de son épouse, Lotte. Aussi s’est-il résigné à prendre un travail de documentaliste à la LesterCorp. Il s’y éprend de Maxine mais, là encore, rencontre une cruelle déception. Il y découvre aussi une étrange petite porte dérobée qui mène directement à l’intérieur de l’acteur John Malkovich. Dans un premier temps, Craig monte une affaire avec Maxine et transforme cette étrange chose en une attraction mais, par le biais, de John Malkovich, Maxine et Lotte tombent amoureuses. Dévoré par la jalousie, le marionnettiste n’a de cesse de remplacer Lotte dans Malkovich pour coucher avec Maxine. Et John Malkovich dans tout ça ?
Scénario surréaliste et personnages qui ne le sont pas moins, le film de Spike Jonze est au cinéma, ce qu’Alice au pays des merveilles pourrait être à la littérature, à savoir une folie, un non-sens, s’il n’était sans doute rempli de sens (mais lequel ?). L’inspiration de l’oeuvre de Carroll est certaine, revendiquée et affichée dès le début avec le 7,5e étage dont on ne peut parcourir les couloirs que courbé ou avec la secrétaire, assistante de direction de LesterCorp, nymphomane et sourde, ou son directeur qui ne vaut guère mieux. La petite porte, cachée derrière des tiroirs, rappelle celle d’Alice. Mais derrière ce non-sens n’y aurait-il pas une interrogation sur l’identité et sur la paternité ?
Spike Jonze et son scénariste, Charlie Kaufmann, sont en tout cas allés jusqu’au bout de leur délire, précipitant Malkovich dans sa propre tête puis explorant l’inconscient de l’acteur.
Film étrange, Dans la peau de John Malkovich est un OVNI dans le cinéma où l’absurde et le bizarre sont plus souvent abordés par la loufoquerie. Or, s’il est drôle, le film n’est pas loufoque. Les réparties sont ciselées et parfois tranchantes comme des rasoirs. Le choix judicieux de John Malkovich, acteur relativement célèbre, permet de se moquer de la célébrité mais aussi de l’enthousiasme délirant qui entoure les productions.
Un film à voir et à savourer.