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Un homme chez les microbes

Renard, le petit homme

samedi 24 mars 2007, par Maestro

Maurice RENARD (1875-1939)

France, 1928

Un homme chez les microbes marque le retour de Maurice Renard à la science-fiction, puisque ce roman n’est que le troisième de l’auteur dans ce genre, après Le docteur Lerne, sous-dieu, et Le péril bleu, qui datait quand même de 1912. Un retour gagnant, car dans sa première partie, l’auteur français anticipe en partie sur le futur récit de Richard Matheson, L’homme qui rétrécit, en privilégiant une veine plus humoristique et distante, dans la mesure où les choses sont vues par les yeux du scientifique ayant mis au point le procédé de réduction. Ce dernier a en effet été élaboré afin de permettre à un jeune bourgeois royaliste de devenir l’époux d’une fille de parents très républicains, en rapetissant de quelques centimètres afin de ne pas être trop grand par rapport à elle ! Le produit, mal dosé, et testé seulement sur des animaux, s’emballe, et Fléchambeau diminue de plus en plus, affrontant au passage les menaces d’une araignée et même d’un acarien...

Toutefois, dans sa seconde partie, Maurice Renard va plus loin que l’auteur étatsunien, mais en faisant preuve d’une audace extrêmement mesurée, se rapprochant plutôt de Swift et de ses Voyages de Gulliver. Par le biais du journal de Fléchambeau, revenu du monde de l’infiniment petit avec un décalage temporel qui donne un tour tragique à l’histoire d’amour de départ, le lecteur découvre un univers infinitésimal, qui apparaît cependant... anthropomorphe, à l’exception d’un organe supplémentaire pour ses habitants, sorte de troisième œil placé sur le sommet du crâne et baptisé pompon ! Sur la planète où Fléchambeau se retrouve, l’espèce dominante présente en effet quelques différences anatomiques avec la nôtre (en particulier une division en trois sexes), mais pour le reste, on a comme une anticipation de ce à quoi pourrait aboutir notre civilisation industrielle : les Mandarins ont détruit toute la nature de leur monde, ne préservant que quelques spécimens au titre de vestiges pour musées ; ils sélectionnent dès la naissance les individus en les affectant à des catégories sociales particulières (une idée qu’allait reprendre Le meilleur des mondes quelques années plus tard) ; en outre, ils ont entamé un déclin qui semble irréversible, avec en particulier une chute croissante de la natalité.

En dehors de ces considérations, Maurice Renard reste très conformiste dans sa description de cet univers alternatif, allant jusqu’à imaginer des « nègres verts » affectés à des tâches subalternes, voire parfois même peu crédible, comme lorsqu’il veut nous faire croire que Fléchambeau aurait pu rester près de quarante ans sans aucune relation amoureuse... Reste un voyage captivant, et quelques visions percutantes, comme ces négatifs du monde de l’infiniment petit transmis à notre dimension par le biais de tatouages, une idée que n’aurait pas renié un Brussolo...

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