Accueil > TGBSF > H- > Une histoire de la science-fiction : 1958-1981, l’expansion

Une histoire de la science-fiction : 1958-1981, l’expansion

2001, par Maestro

Jacques SADOUL (1934-2013)

France

Librio, 2000, 128 p.

Troisième tome de cet aperçu de la production de nouvelles anglo-saxonnes, proposé par notre expert national Jacques Sadoul, qui en profite d’ailleurs pour annoncer prochainement un quatrième et dernier tome, ainsi qu’une histoire de la SF française. Cette fois, il s’intéresse à une période de recomposition, de reclassement dans l’inspiration, liés aux débuts de la conquête spatiale et à la désillusion partielle que cela a engendrée. Cette époque voit également l’apparition sur le devant de la scène de nouvelles générations d’auteurs, qui sont d’ailleurs quasi-exclusivement représentées ici (pas d’auteur de l’âge d’or, ce qui aurait pu permettre de constater leur éventuelle évolution). Bien sûr, on peut toujours reprocher le choix draconien opéré par Jacques Sadoul, et l’absence de certains noms, comme John Brunner, mais le format de la collection l’impose inévitablement ; et de plus, les femmes sont bien représentées, ce qui marque aussi une évolution de la SF littéraire.

Une chose saute aux yeux, à la lecture de la plupart des textes de ce recueil : la forme acquiert une plus grande importance que par le passé, et le fond semble beaucoup plus reposer sur la psychologie des personnages, leur humanité (et par extension l’analyse de l’espèce humaine elle-même), que sur des thèmes traditionnels (contact avec l’Autre, invasion extra-terrestre). A la rigueur, la nouvelle d’Harlan Ellison, " La bête qui criait " amour " au cœur du monde ", et son explication amusante des déferlements de violence dont a pu être victime notre monde, se rattache encore à l’avant-1958. Par contre, un texte comme " Lumière des jours enfuis ", de Bob Shaw, respire la poésie et l’émotion à fleur de peau, explorant la douleur intime éprouvée par deux individualités, de même que " Ceux qui partent d’Omelas ", d’Ursula K. Le Guin et son dénouement particulièrement dérangeant, ou encore "Sonate sans accompagnement ", d’Orson Scott Card, et son éloge de la création artistique, au prix de la destruction physique de l’individu. Quant à " Cassandra ", de C. J. Cherryh, c’est sur l’exploration du dérèglement du psychisme d’une jeune fille qu’elle déploie un réel talent d’écriture.

La nouvelle de Norman Spinrad, " L’herbe du temps ", témoigne en tout cas fort bien de cette évolution de la SF : il part d’un thème classique, le chevauchement, l’enchevêtrement de diverses temporalités dans la vie d’un homme (tout comme dans les proches années 60 le film d’Alain Resnais, Je t’aime, je t’aime) et en tire un texte à l’écriture quelque peu torturée, typique de cette " nouvelle vague " littéraire. Robert Silverberg, lui, dans " Groupe ", illustre l’influence des idées post-68, avec la sexualité de groupe qu’il met en scène, et l’anormalité qui est cette fois devenue l’amour exclusif. Pour terminer, citons " La fourmi électrique ", de Philip K. Dick, toujours très efficace dans le cadre de textes courts, et qui illustre à merveille le thème de la réalité mystificatrice, à une époque où la croissance économique que l’on croyait sans fin, et qui s’appuyait sur la mise à l’écart de toute une partie du monde, laissait la place à la réalité plus sordide de la crise...

Un message, un commentaire ?

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d'indiquer ci-dessous l'identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n'êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.

Connexions'inscriremot de passe oublié ?