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LA COLLINE A DES YEUX

Colline zéro...

samedi 2 juin 2007, par Maestro

Alexandre AJA (1978-)

Etats-Unis, 2006, The Hills Have Eyes

Aaron Stanford, Ted Levine, Kathleen Quinlan.

Produit par Wes Craven, ce film est en fait le remake d’une de ses propres réalisations, datée de 1977. Pour s’en charger, il a choisi un jeune réalisateur français, Alexandre Aja, remarqué avec Haute Tension. Une famille étatsunienne élargie, composée des parents fêtant leurs vingt-cinq ans de mariage, des trois enfants, du gendre, de leur petite fille et de deux chiens, a décidé de se rendre en Californie. Passant à travers le Nouveau Mexique, leur convoi se voit orienté par un étrange pompiste vers un raccourci qu’ils trouvent, certes, mais sur lequel ils sont victimes d’un accident tout sauf naturel. Les deux hommes partent alors chacun de leur côté à la recherche de secours, laissant le reste de la famille à la merci de créatures tapies en embuscade et que l’on devine monstrueuses...

La colline a des yeux est en réalité une critique du nucléaire, puisque la zone que traversent les personnages est un ancien terrain militaire, sur lequel de nombreux essais nucléaires ont été pratiqués. Le hic, c’est qu’un village de mineurs, qui refusaient à l’époque de quitter leur propriété, avait alors été rasé : les habitants trouvèrent de fait refuge dans les mines, qui ne leur offrirent aucune protection face aux déluges de radiations successifs. Voilà l’origine des créatures difformes et dégénérées qui, se sachant différentes, en veulent à tous les humains « normaux », en piègent le plus grand nombre et les assassinent. Amenée de manière trop prévisible (une précaution à l’usage du public des Etats-Unis ?), cette problématique laisse de surcroît un certain nombre de faits non élucidés. Qui sont vraiment ces individus, ce qui reste des mineurs, ou leurs descendants ? Surtout, qui est cette fillette très différente d’eux dans son comportement : une survivante d’une des embuscades antérieures ? Ou le prétexte permettant de montrer qu’au sein de l’altérité et de la sauvagerie, générée par la face sombre de la civilisation, peuvent subsister générosité et tendresse ? Enfin, quid des mannequins présents en grand nombre dans la ville fantôme ? Sont-ce des restes de test sur les effets des explosions nucléaires ? Mais intacts comme ils se présentent, pourquoi sont-ils en place, comme à la veille d’une déflagration ?

Tous les codes du film d’horreur sont en tous les cas mis à contribution, sans beaucoup de finesse d’ailleurs. Un grand nombre de scènes se déroulent dans l’obscurité, mais si la suggestion est une source efficace de peur, elle est ici gâchée par une noirceur bien trop profonde et un montage excessivement saccadé, difficilement lisible durant les moments d’action. D’autant que peu à peu, tout nous est révélé, jusqu’à la caricature. Ainsi, les survivants de cette véritable boucherie, variation du Massacre à la tronçonneuse, auront vu leur (beau) père immolé, leur (belle) mère éventrée et dévorée, leur épouse / sœur violée et tuée à bout portant ! Sans surprise non plus, donc, une bonne partie de cette famille plutôt beauf, sans doute sortie du fin fond de la campagne du Kansas, se retrouve liquidée, sans que l’on soit véritablement certain qu’il s’agisse là d’une critique de certains aspects de la mentalité étatsunienne dont ils sont d’éminent représentants : propos vulgaires entre eux, culte du port d’arme, pratique religieuse exacerbée... C’est en tout cas le gendre, sympathisant démocrate au look d’intellectuel, qui va se muer en héros, répondant à la barbarie par la barbarie, musique bien lourde à l’appui, afin de sauver son enfant et de faire triompher la famille, malgré tout, à laquelle il finit ainsi par s’intégrer. D’autant qu’au passage, les deux adolescents auront eux aussi mûri face aux épreuves subies. Une façon de réaffirmer cette cellule de base de la société.

Rien de très original sous le soleil, donc, tant La colline a des yeux évoque des longs métrages antérieurs, ceux de John Carpenter en particulier. La centaine de minutes que dure le film a ainsi logiquement tendance à lasser, en dépit de rares moments un peu plus inquiétants, et le souvenir laissé est bien plat, sans parler d’un plan final éculé, seulement susceptible de générer une suite.

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