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L’onyre du givre

samedi 16 juin 2007, par Maestro

Bruno B. BORDIER

France, 2007

Black Coat Press, collection Rivière blanche, 256 pages.

Bruno Bordier est un auteur rare, ainsi que le rappelle fort justement André-François Ruaud dans la préface de ce recueil de ses nouvelles, chacune étant brièvement présentée par l’auteur lui même, également auteur de l’illustration de couverture. Pourtant, sa plume possède de ces éclairs poétiques qui ne laissent pas indifférent.

Il aborde ainsi des sujets sérieux sous un angle légèrement décalé, ce qui permet de deviner simplement leur gravité, et de profiter de leur présentation presque féerique. « Les veines gonflées de songe » évoque par exemple l’épidémie de Sida dans ses débuts, en Californie, et touche, au-delà, à la compréhension de l’altérité ; dans la même veine (sic), derrière le fantastique de « Homo umbilicus » (écrit avec Sylvie Miller), ne faut-il pas voir une mise à distance de l’informatisation des gens, de plus en plus prisonniers d’une réalité virtuelle ? « L’onyre du givre », au-delà de sa critique latente de la religion, est surtout un bel exemple d’écriture onirique, et « Rêveur d’oubli » une métaphore plus directe de la véritable fin du monde que représente pour chacun la perte d’un être cher. Quant à « Les chants de l’égoïsme, les soupirs de la honte », sa noirceur évocatrice d’une certaine misère sociale est seulement éclairée par la présence du chat d’Alice au pays des merveilles.

On trouve également des textes plus classiques, comme le dystopique « Massacre », où une cité occupée par les derniers humains concentre à l’extrême les pires tendances de nos sociétés contemporaines (droit au meurtre, consommation à outrance, compétition accrue entre les êtres...). « Komédia », pour sa part, évoque aussi bien K. Dick que Matrix, tant cette réflexion sur l’acte de création ressemble à un labyrinthe de miroirs qui sont autant de réalités truquées. Un point commun partiel avec « Nahk Ila Hetaf Tarsun », une nouvelle déjà publiée dans l’anthologie Pouvoirs critiques. Enfin, « Un lapin sachant chasser » est plus difficilement classable, de par sa dimension quelque peu absurde, une lecture « toonesque » du passage de l’adolescence, sans doute...

Un recueil sombre et aux références nombreuses mais discrètes, avec quelques touches d’espoir, dont la lecture risque de ne pas laisser indifférent.

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