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LES SOLDATS DE L’APOCALYPSE

Jours de colère au pays du matin calme.

samedi 17 novembre 2007, par von Bek

MIN Joon-ki

Corée du Sud, 2005, Cheong Gun

Jeong-min Hwang, Byeong-chun Kim, Joong-Hoon Park

On sait le cinéma américain prompte à faire vibrer la corde patriotique. La pierre peut lui être jetée et lui a été jetée (cf Armageddon ou Stargate) mais reconnaissons lui, derrière un discours moralisateur qui peut agacer, des valeurs aisément partageables par tous, à l’instar de la liberté. Pour faire clair : Hollywood est patriote mais à notre époque rarement, TRES rarement nationaliste et haineux. Il n’en va décidément pas de même avec la SF coréenne.

Révoltés par la contrainte étrangère d’abandonner le projet nucléaire secret élaboré conjointement par les deux Corées, un colonel nord-coréen et une escouade de soldats dérobent la bombe mais sont poursuivis par une escouade sud-coréenne. Le passage d’une comète à ce moment-là propulse les deux groupes en 1572 alors que des envahisseurs chinois menacent un village. Ils rencontrent alors le futur amiral Yi Sun-sin, celui-là même qui doit repousser en 1598 une invasion japonaise, mais il n’est pas encore le grand stratège qu’il deviendra. Faisant fi de leur antagonisme non sans mal, les soldats du XXe siècle entreprennent de retrouver la bombe et de vaincre l’ennemi chinois avant de retourner chez eux grâce aux calculs d’une physicienne embarquée malencontreusement dans l’opération.

Trois ans après 2009 : Lost Memories, le voyage temporel sert à nouveau de base à l’exaltation nationaliste d’une manière qui n’a rien à voir avec Nimitz, retour vers l’enfer ou Les guerriers de l’apocalypse, film dont les diffuseurs français ont cru bon de reprendre le titre pour cette version du pays du matin calme. Les soldats de l’apocalypse offre une nouvelle occasion aux spectateurs coréens de se lamenter sur les afflictions infligées par l’Histoire, jetant la responsabilité de la division des deux Corées et de la perpétuation de cette division sur les pays étrangers, les mêmes ou presque, qui ont agressé le pays par le passé, principalement la Chine, le Japon et les Etats-Unis, tout en magnifiant l’indépendance, l’unité et la grandeur passée par le biais d’un héros national.

Le but est si évident qu’il tend à négliger le moyen. Car si l’idée de l’intrusion d’armes automatiques dans un combat médiéval n’a rien de nouveau en science-fiction, elle est toujours intéressante par les risques d’uchronie qu’elle génère. Or, en définitive, le scénario, jusqu’à la spectaculaire et sanglante bataille finale, confond agitation et construction du récit.

Si uchronie il y a, elle correspond à la situation initiale, celle de deux Corées suffisamment réconciliées pour oeuvrer dans un domaine militaire commun aussi sensible que le nucléaire. Autant dire que cet aspect occulte la vague critique du gouvernement communiste de Corée du Nord - c’est un film sud-coréen quand même ! - et risque d’empêcher le spectateur de se demander si le véritable obstacle à une réunification ne réside pas d’abord dans l’ignominie du régime de Corée du Nord.

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