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NEW YORK 1997
Coup de foudre à Manhattan
samedi 7 juillet 2007, par
John CARPENTER (1948-)
Etats-Unis, 1981, Escape from New York
Kurt Russell, Lee Van Cleef, Ernest Borgnine, Donald Pleasence, Isaac Hayes...
New York 1997 fait partie des grands succès commerciaux de John Carpenter, qui allait enchaîner l’année suivante avec l’excellent The Thing. Avec le recul, le film garde une indéniable valeur artistique. La réalisation est efficace, soulignée par une musique électronique assez proche de ce que pouvait alors faire les Allemands de Tangerine Dream. Le casting est impressionnant, de Kurt Russell, révélé par ce rôle, à l’ancien cow-boy Lee Van Cleef, en passant par le chanteur Isaac Hayes. Enfin, l’essentiel réside tout de même dans le scénario, qui s’inscrit totalement dans les fantasmes sécuritaires de l’ère Reagan.
Suite à un accroissement considérable du taux de criminalité, décision est prise de transformer Manhattan en prison de haute sécurité, dans laquelle seront parqués tous les délinquants du pays. La séparation sociale et ethnique existante aux Etats-Unis devient ici véritable ségrégation, entre les citoyens obéissants et les rebelles de tous types (voir le discours d’extrême gauche de la détourneuse d’avion). Tout bascule le jour où l’appareil présidentiel s’écrase dans l’île, en percutant un immeuble, dans une espèce de vision anticipatrice du 11 septembre... Les forces de sécurité sollicitent alors un condamné récent, Snake Plisken, au look de pirate frappant, en lui proposant de l’amnistier s’il ramène le président des Etats-Unis sous 24 heures, faute de quoi il mourra. Le compte à rebours est aggravé par le fait qu’en parallèle a lieu une conférence au sommet dont l’échec provoquerait l’holocauste nucléaire, une problématique qui revenait en vogue durant cette période de guerre fraîche.
On se laisse ainsi facilement prendre à la quête solitaire de Plisken, en découvrant au passage les bas fonds de la société étatsunienne, symbolisés par ces habitants du sous-sol de Manhattan, êtres totalement dégénérés. Plusieurs éléments visuels tournent également en dérision des éléments emblématiques de la société de consommation d’alors, la vague disco en particulier. Quant au mur de quinze mètres de haut qui encercle l’île de Manhattan, il est comme un reflet prémonitoire de celui que les Etats-Unis ont érigé sur leur frontière avec le Mexique, ou de celui qui sépare une partie d’Israël de la Palestine... Si les scènes d’action sont loin de saturer le métrage, elles sont aussi denses qu’incisives. Enfin, la fin reflète parfaitement le cynisme du personnage, et l’humour noir du réalisateur. Un bon film, sans être pour autant un chef d’œuvre.