Accueil > CINECSTASY > D > LES DECIMALES DU FUTUR
LES DECIMALES DU FUTUR
samedi 23 février 2008, par
Robert FUEST (1927-2012)
Grande-Bretagne, 1973, The Final Programme
Jon Finch, Jenny Runacre, Hugh Griffith, Patrick Magee
Relativement oublié aujourd’hui, ce film, considéré comme culte par le réalisateur Marc Caro, est un des rares exemples d’adaptation d’un ouvrage signé Michael Moorcock, en attendant (avec impatience autant qu’avec crainte) la transposition des aventures d’Elric...
Le roman inaugural du cycle de Jerry Cornelius est d’ailleurs plutôt fidèlement repris ici, de l’affrontement autour de la maison familiale, véritable tragédie grecque modernisée, à la naissance d’un nouvel être immortel, hermaphrodite proprement nietzschéen, en passant par la traque de Franck par son frère et les amours mortels de Miss Bruner. L’esthétique, proche de celle d’Orange mécanique, rend bien le caractère décadent de JC, évoluant dans une Angleterre dont la société de consommation semble arrivée à bout de course, et qui s’étourdit dans les plaisirs futiles avant l’explosion finale.
Robert Fuest qui réalisera par la suite quelques épisodes des Chapeau melon et bottes de cuir deuxième mouture (New Avengers), y met en scène le même type d’univers baroque et absurde, surréaliste, mais de manière trop sage : si la forme est fidèle, le fond demeure insuffisamment fantasque et délirant, aussi bien le personnage de Jerry, blasé mais ennuyeux, que les effets de mise en scène (les images surimpressionnées, très psychédéliques, demeurent bien rares). De même, la musique manque de puissance et d’ambition, alors qu’elle était une composante importante de l’écrit... Seule la fin est plus grinçante, le sur-être espéré s’apparentant davantage à un humain primitif, comme un clin d’œil décalé témoignant du caractère cyclique de la vie sur Terre, dans une optique influencée par le spiritualisme hindou.