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UN VAMPIRE A BROOKLYN
Blagula
samedi 15 août 2009, par
Wes CRAVEN (1939-2015)
Etats-Unis, 1995, Vampire in Brooklyn
Eddie Murphy, Angela Bassett, Allen Payne, Kadeem Harison
Presque un quart de siècle après Blacula, le vampire de la Blackploitation, un nouveau vampire noir n’avait rien de déplacé. Pourtant, Eddie Murphy, l’un de ses inventeurs, interprète et producteur, ne joue pas la carte ethnique à fond, engageant Wes Craven pour le réaliser, localisant l’action à Brooklyn plutôt qu’à Harlem, sans doute pour ne pas trop étiqueter le film et donc attirer le public.
Dernier de sa race, Maximilien quitte les Bermudes pour trouver à Brooklyn la fille qu’un de ses congénères a eu d’une mortelle. De cette quête dépend son existence et si localiser l’agent de police Rita Veder ne prends pas longtemps grâce à une arrivée à bon port à bord d’un navire chargé de macchabées, la séduire s’avère plus difficile, en partie à cause du caractère perturbé de la dame et de la balourdise du serviteur humain que le vampire s’est choisi. Aussi Maximilien entreprend-t-il de déstabiliser complètement la belle en faisant le vide autour d’elle d’une part, à commencer par sa colocataire et son coéquipier avec lequel elle entretient une amitié équivoque ; d’autre part en la charmant par une attention et une galanterie débordantes. Tout le monde n’a cependant pas envie de devenir vampire ou de voir sa dulcinée en être un.
La grande erreur d’Un vampire à Brooklyn est d’avoir cherché à multiplier les angles du film. En dépit de la présence de Wes Craven, qui n’a peut-être pas eu son mot à dire, le film d’horreur est un ratage indéniable en raison de son absence de suspens dans la mise en scène comme dans le scénario : toute l’horreur repose dans les effets spéciaux, les capacités physiques du vampire, un des plus puissants jamais créé au regard de ses pouvoirs (métamorphose, sortilèges très varié, vol, éclair...) et l’hémoglobine ou les membres et autres organes arrachés. Résultat le film ne fait pas peur mais se voit interdit au moins de douze ans.
L’aspect romantique tient du caricatural et Maximilien est un vampire assez clinquant, à la culture affichée, donc très nouveau riche et sans aucune noblesse. Reste le côté humoristique incontournable puisque Eddie Murphy est au commande ou aux cordons de la bourse. Ne pouvant en charger le personnage de Maximilien sans briser sa dimension horrifique, l’humour repose soit sur Eddie Murphy qui inaugure alors sa pratique de multiplication des rôles sous un maquillage très élaboré (il tient 3 rôles) soit sur deux personnages secondaires : Julius (Kadeem Harison), le serviteur du vampire, un ancien bookmaker de dernière catégorie devenu goule et qui perd ses membres comme un lépreux, et son oncle Silas dont la vie doit se limiter à l’année 1962.
Ni drôle, ni terrifiant, ni séduisant, que reste-t-il au Vampire à Brooklyn ?
Rien et surtout pas des spectateurs qui auront à cœur d’éviter ce navet.