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1634 : The Galileo Affair
Venise, nid d’espions
dimanche 1er septembre 2019, par
Eric FLINT (1947-2022) & Andrew DENNIS
Etats-Unis, 2004
En guerre avec l’Autriche, la Bavière et la France, les jeunes Etats-Unis d’Europe veulent conforter leurs positions et sécuriser leur commerce avec l’Orient, source de produit introuvable en Europe. Mike Stearn et son gouvernement imaginent donc de dépêcher une ambassade à Venise, qui, en dépit de son déclin amorcé au XVIe siècle, demeure une grande cité commerciale notamment avec le Levant. Avec habileté, le rôle d’ambassadeur est confié au père Mazzare, le prêtre catholique de Grantville, dont la célébrité au sein de l’Eglise catholique s’est fortement développée depuis ses contacts avec Mazarin et le père von Spee (S.J.), ceci afin d’établir des relations avec le Saint-Siège.L’ambassade comprend aussi Sharon Nichols en charge des questions de santé, assistée de Tom Stone, l’herboriste grantvillois.
Seulement, si Venise est un véritable nid d’espions, à commencer par ceux des autres ambassades telle que celle de la France, dirigée par le comte d’Avaux bien décidé à mettre des bâtons dans les roues des Etatsuniens, elle est aussi une République patricienne dont la partie plébéienne voit avec faveur les idées nouvelles répandues par les Comités de correspondance. Or, c’est aussi l’époque à laquelle Galilée va être jugé, crime absolu contre la liberté de pensée aux yeux de jeunes américains que sont les jeunes Stone, dont un est surtout amouraché d’une jeune « révolutionnaire » vénitienne, et manifestation de la tyrannie ecclésiastique aux yeux du comité essentiellement incarné par une famille. Il ne faut pas beaucoup pour que ces passionnés se laissent mener par le bout de leurs nez par Michel Ducos, un Français agissant pour le comte d’Avaux tout en le doublant. Huguenot fanatique, Ducos entend bien assassiner le pape et relancer ainsi une guerre religieuse.
Tout aussi bien sentie et documenté que les autres ouvrages de la série, comme le montre le point sur le procès fait à Galilée [1], ce Galileo Affair avait des ressorts prometteurs : des enjeux géopolitiques, des discussions théologiques et ecclésiales, des complots... Il constituait, et constitue toujours d’ailleurs, une étape fondamentale dans le projet d’ensemble en ouvrant une nouvelle trame, italienne, dans la narration générale, trame qui se poursuit dans The Cannon Law. Bref, l’ouvrage était ambitieux.
Comme en cuisine hélas, la qualité des ingrédients ne fait pas la réussite du plat, et The Galileo Affair retombe comme un soufflet. La faute à mon sens à la volonté des auteurs de donner trop de fun soit par des personnages caricaturaux, le vieux bouc d’ambassadeur espagnol Ruiz Sanchez et sa romance avec Sharon Nichols qui n’apporte rien, pour le livre du moins, à l’intrigue, ou comme Michel Ducos, une espèce de caricature de comploteur, ou par des comportements stupides, la stupidité ne devant pas être confondue avec la passion, je renvoie ici à la bêtise des fils Stone ou de leurs amis.
Ce qui devait être un roman passionnant tant intellectuellement, dans le prolongement des nouvelles contenues dans Ring of Fire qu’il conviendrait d’ailleurs de lire auparavant, qu’un bon roman d’aventures se transforme en une espèce de parodie de complot assortie d’une course poursuite aussi ridicules que rocambolesques. Mes mots sont peut-être un peu durs, alors que je n’en ai pas moins lu intégralement le livre, mais indéniablement, j’ai été déçu
[1] Rappelons que Galilée n’était pas poursuivi pour avoir osé écrire que la Terre tournait autour du Soleil, chose que les Jésuites enseignaient déjà à l’époque, mais pour avoir bafoué un décret papal exigeant que l’héliocentrisme soit présenté comme une théorie faute de capacité à le démontrer, et pour s’être aussi moqué du pape de l’époque, Urbain VIII