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Ring of Fire II

Le Cercle de feu de l’amour

dimanche 6 octobre 2019, par von Bek

Eric FLINT (1947-2022), dir.

Etats-Unis, 2008

De l’eau a coulé sous les ponts depuis la publication du premier recueil d’anthologies Ring of Fire en 2004, car avant la sortie de ce deuxième recueil, quatre autres romans 1634 [1] et même des romans 1635 sont venus grossir la divergence uchronique et la Grantville Gazette compte 14 numéros.

Avec pour conséquence que nombre des histoires publiées ici se rattachent à d’autres, que ce soit pour former les aventures de certains personnages comme c’est le cas du couple Marla Linder et Franz Sylwester inventé par David Carrico dans « The Sound of Music » pour le troisième numéro de la Grantville Gazette, et qui, dans « Command Performance » accèdent à une certaine forme de consécration lors d’un concert à Magdeburg en 1633. On retrouve aussi les capitalistes en herbe de Gorg Huff et Paula Goodlett dans une nouvelle, « A Trip to Amsterdam », traitant de question monétaire, et, pour ce qui est des vendeuses de Barbie, dans « The Chase ». Noelle Murphy, une des personnages essentielles de 1634 : The Ram Rebellion, se voit honorée doublement : « Second Thoughs » de Virginia DeMarce reconstitue le passé familial de son héroïne avec une liberté de ton qui laisse un peu perplexe quant à la manière dont est traitée la sexualité dans la famille, tandis que la longue nouvelle « The Austro-Hungarian Connection » d’Eric Flint la met en scène aux prises avec un agent austro-hongrois occupé à faire sortir du pays des Américains pour le compte de son empereur. Evidemment, cela pose parfois des problèmes de continuité : peut-on lire, et apprécier, « Eddie and the King’s Daughter » de K. D. Kenworth, qui raconte la naissance de l’idyle entre Eddie et la fille du roi du Danemark Christian IV, sans avoir lu 1633 et 1634 : The Baltic War  ? Peut-on comprendre « Seconde Issue ? » de Bradley H. Sinor qui traite de la liberté de la presse et évoque le séjour clandestin de Wallenstein à Grantville sans avoir lu le premier Ring of Fire ? Que dire de « This’ll be the Day... » qui est à relier directement avec 1635 : The Cannon Law ?

Cependant ce n’est pas le cas de toutes les nouvelles de ce deuxième Ring of Fire. Fort naturellement, quelques unes tournent autour de la découverte de Grantville par les contemporains. Il en va ainsi de la courte, mais émouvante, « Ellis Island » narrant l’effort déployé par une famille pour trouver refuge à Grantville, tout comme de « Trials » de Jay Robison qui imagine la peintre Artemisia Gentileschi amenée à comparer son expérience personnelle du système judiciaire romaine avec le traitement réservé par le système judiciaire américain à une femme américaine victime du même outrage, ou encore de « Horse Thieves » de Karen Bergstrahl, mettant en scène d’anciens mercenaires reconnaissant dans la rédemption que leur ont offert les Américains. De manière plus originale, « The Chase », déjà citée, se déroule dans le cadre de la visite du futur troisième comte de Devonshire lors de son grand tour [2] accompli sous la tutelle de... Thomas Hobbes ! Cette nouvelle est une des rares occasions (jusqu’à ce jour dans les lectures de la série) où elle amène à comparer des pratiques des deux époques, en l’occurence le tennis, pour se conclure au profit de la plus ancienne.

Dans l’ensemble en effet, et c’est l’intérêt de la série, l’arrivée des Américains, bouleverse la chronologie et la géopolitique européenne. « The Austro-Hungarian Connection » résulte de la nouvelle politique du souverain autrichien qui a renoncé au titre d’Empereur du Saint-Empire après des événements survenus dans 1634 : The Bavarian Crisis, et a proclamé l’Empire austro-hongrois avec plus de deux siècles d’avance ! Tout en construisant sa chute sur un trait d’humour musical, « This’ll be the Day... » de Walt Boyes, qui met en scène le personnage historique du père von Spee déjà rencontré dans Ring of Fire, rappelle que l’altération de l’histoire se déroule aussi bien dans une perspective ecclésiastique, donc internationale, qu’à l’échelle personnelle. « Malungu Seeds » de Jonathan Cresswell-Jones montre, non sans casuistique, les répercussions de l’irruption américaine sur les missions jésuites sud-américaine et les tentatives pour empêcher la traite négrière.

Surtout, ces deux dernières nouvelles sont, avec « Second Issue ? » et le sanglant « Horse Thieves », les seules à ne pas comporter une part de romance. Car toutes les autres sont plus ou moins à l’eau de rose, même l’inintéressante « Lucky at Cards » qui voit Mazarin plumer aux cartes Gaston d’Orléans et rencontrer la reine de France Anne d’Autriche. Ce n’est parfois que de l’amour familial comme dans « Ellis Island », mais le plus souvent le lecteur bascule dans la love story qui ne recule pas devant le kitsch (« Command Performance ») et s’avère souvent prévisible de très loin (« The Austro-Hungarian Connection »). Ça ne gâche pas le recueil, mais c’est un peu répétitif...


[2Une pratique dont je suis pas sûr qu’elle fut déjà en vogue dans la première moitié du XVIIe siècle...

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