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Une invasion de macrobes

samedi 6 octobre 2007, par Maestro

André COUVREUR (1863-1944)

France, 1909

Ombres, coll. "Petite bibliothèque Ombres", 1998, 192 p.

Considéré en son temps comme l’égal des plus grands, André Couvreur, médecin de son état, a surtout exploité la veine des histoires de savants fous. Celui dont Une invasion des Macrobes constitue la première apparition a pour nom Tornada, au physique aussi ingrat que son génie est lumineux. Rejeté par ses pairs de l’Académie, il décide de se venger en transformant d’inoffensifs microbes en créatures géantes, qu’il va lancer à l’assaut de la capitale française. Le lecteur va donc vivre cette invasion animale, rendue d’une manière très efficace, par le biais du narrateur, Jean Gérard, bourgeois et fier de l’être. Au passage, on a droit à tous les préjugés de classe les plus prononcés et caricaturaux qu’il soit : de passage dans une prison municipale, il côtoie un ivrogne aux idées anarchistes (« ignoble langage », « ce grand nivellement social qui était la hantise des humbles ») qui réclame entre autre de l’absinthe à perpette ! Revenu à Paris, il s’indigne de la grève déclenchée par les employés des chemins de fer, « catastrophe sociale » « dû[e] à l’imbécile pression de quelques meneurs », déclenchant le mépris d’un garçon de café, « citoyen frustre et rude ». Il croise ensuite le parcours d’une manifestation des dits grévistes, « foule violente », « milliers de têtes farouches, enflammées de colère et d’alcool [sic], proférant des tonnerres d’imprécations ». Mais le pire est atteint avec le déclenchement d’une révolution anarchiste à Paris même et la proclamation d’une nouvelle Commune, grâce à la désorganisation entraînée par l’attaque des macrobes : les seuls révolutionnaires présentés sont « (...) une bande sinistre, hommes et femmes mêlés, l’écume à la bouche, les yeux exorbités (...) ». A côté de ce cataclysme social qui accompagne la catastrophe « militaire », et qui effraye tant Couvreur (élitiste face à la « basse psychologie des foules »), l’auteur se fait également apologue de la science, lui donnant même mission d’expliciter les dons de voyance. Mais comme beaucoup d’autres auteurs français de SF à l’époque, son idéal est une politique républicaine modérée, qui condamne aussi bien les excès des capitalistes que la paresse supposée des fonctionnaires (avec un « (....) traitement doucement acquis par huit heures de farniente quotidien »), non sans flirter avec une certaine misanthropie.

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