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Fatherland

Le sous-marin noir

mardi 25 octobre 2005, par Maestro

Robert HARRIS (1957-)

Grande-Bretagne, 1992

Julliard, 1992, 428 p.

Robert Harris est un auteur britannique plus coutumier du thriller que de la science-fiction. Pourtant, avec Fatherland- publié une première fois en France sous le titre Le sous-marin noir -, il livre une uchronie d’une rare qualité, qui s’impose comme un classique du genre. Le point de départ est pourtant celui d’un très grand nombre de romans uchroniques, à savoir la victoire des forces de l’Axe à l’issue de la seconde guerre mondiale, suite à une stratégie différente de celle que l’on connaît dans l’attaque de l’Allemagne sur l’URSS, et à un progrès plus conséquent des armes de destruction nazies, avec l’élaboration de V3 qui ont permis de pousser les Etats-Unis au retrait du conflit. L’action du roman a beau se dérouler en 1964, l’auteur trouve toujours des passerelles narratives afin de nous proposer des flash-backs sur cette histoire alternative.

Le personnage principal est un officier SS en proie au doute et à la désillusion, Xavier March, chargé d’enquêter sur une noyade suspecte, qui serait un meurtre déguisé... Lorsqu’il découvre que la mystérieuse victime n’est autre qu’un ponte du NSDAP, et que la Gestapo fait tout pour le décharger de l’affaire, sa curiosité est piquée au vif. Dès lors, avec l’aide d’une journaliste américaine particulièrement émancipée à ses yeux, Charlotte Maguire, il va poursuivre une enquête parsemée de cadavres en tentant de découvrir le lien passé qui les relie, allant pour cela jusqu’en Suisse, le seul îlot de neutralité dans une Europe totalement passée sous le contrôle du Grand Reich. L’habitude de Robert Harris dans ce type d’intrigue policière fait que l’on lâche difficilement les pages du livre, en proie à un suspens qui, malgré une révélation finale plutôt prévisible, nous laisse pantelant.

Au-delà de l’horreur nazie, également mise en scène de manière plus anodine et d’autant plus effrayante par le portrait de la vie quotidienne à Berlin, ce qui est dénoncé dans Fatherland, c’est en filigrane le cynisme des dirigeants, en l’occurrence le président Kennedy (père !) et un Adolf Hitler à la veille de ses 75 ans, qui sont prêts à nier l’histoire au profit d’une détente politique entre les deux pays, une façon de dénoncer la diplomatie qui se moque des peuples... Mais Fatherland est aussi une excellente gifle infligée aux négationnistes, d’autant que Robert Harris, ainsi qu’il l’explique dans sa postface, s’est servi de nombreux documents authentiques. Une lecture vivement conseillée, qui a d’ailleurs fait l’objet d’une adaptation en téléfilm sous le titre Le crépuscule des aigles.

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