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LES PORTES DU TEMPS
samedi 7 mai 2011, par
David L. CUNNINGHAM (1971-)
Etats-Unis, 2007, The Seeker : The Dark Is Rising
Alexander Ludwig, Christopher Eccleston, Ian McShane, Amelia Warner, Emma Lockhart
Le succès cinématographique (et financier) d’Harry Potter explique pour beaucoup la nouvelle vague d’adaptation de la littérature fantastique de jeunesse. A côté des succès récents du genre comme La croisée des mondes de Philip Pullman dont le premier volet sort en 2007 ou des Aventures des enfants Baudelaire sorti en 2004, les studios, toujours en quête de scénario, dépoussièrent des romans plus anciens comme Les chroniques de Narnia de C. S. Lewis ou, en ce qui nous occupe présentement, A l’assaut des ténèbres (The Dark is Rising, 1973) de la britannique Susan Cooper [1].
Avant-dernier enfant et 6e fils d’une famille américaine récemment installée en Grande-Bretagne, Will Stanton se fait plus facilement à son nouveau pays qu’il n’arrive à s’affirmer au sein de sa nombreuse fratrie : son grand-frère Max, fraîchement débarqué de l’université pour les fêtes de Noël, lui pique sa chambre et son autre frère, James, lui souffle la jolie Maggie. L’adolescence est une période difficile - tous les romans pour la jeunesse le dise en tout cas -, spécialement quand l’anniversaire tombe à quelques jours de Noël (mais je ne sais pas pourquoi ! [2] ). Alors quand des choses étranges se produisent, que Will se fait agresser par des agents de la sécurité puis par un cavalier mystérieux qui lui réclament le signe, le malaise de Will ne peut que s’accroître, surtout quand la châtelaine et son majordome lui apprennent qu’il est en fait le Chercheur, un soldat des forces de la Lumière aux pouvoirs puissants, et qu’il doit impérativement trouver au travers du temps les 6 signes qui permettra à la Lumière de repousser à nouveau les Ténèbres pour mille ans.
Très manichéen dans son esprit, puisque Lumière et Ténèbres s’y opposent une fois encore, et très prévisibles dans son déroulement, le scénario des Portes du temps ne s’embarrasse pas de subtilité, sans doute pour demeurer plus accessible à son jeune public. Sa densité narrative, typique de nombreux romans pour la jeunesse, est elle aussi remarquable, car en l’espace de 90 minutes ou environ, Will doit résoudre ses problèmes de famille, de coeur et sauver le monde. Peut-être la durée du film doit-elle davantage à des impératifs financiers qui expliquent aussi le tournage en Europe de l’Est, prévisible comme le nez au milieu de la figure en dépit des vains efforts de la réalisation pour montrer des bobbies, des cabines de téléphone rouge et des autobus, non moins rouges mais à impériale [3]. Si les découvertes successives des différents signes s’insèrent dès lors avec peu de naturel, l’avantage d’une courte durée est que le spectateur n’a guère le temps de s’ennuyer.
D’autant que les acteurs jouent convenablement leurs rôles à commencer par Ian McShane très à l’aise dans le costume d’un guerrier reconverti en majordome. Comme toujours, le méchant, ici Christopher Eccleston, a une propension au cabotinage, mais le mage Profion de Donjons et dragons est loin.
Assurément Les portes du temps ne sont pas un chef d’oeuvre mais on ne s’y ennuie pas et les parents peuvent y mener leurs enfants sans crainte. Reste à savoir s’il y aura des suites, L’assaut des ténèbres étant le volume le plus ancien (mais pas le premier) d’un cycle de cinq écrits entre 1973 et 1986.
[1] A noter que le livre a paru en France une première fois en 1978 sous le titre L’enfant de la nuit et que la sortie du film s’accompagne comme il se doit d’une nouvelle édition intitulée Les portes du temps : à l’assaut des ténèbres.
[2] Non pas pourquoi l’anniversaire tombe un peu avant Noël mais pourquoi c’est difficile quand c’est le cas !!!
[3] A-t-on idée aussi de filmer ostensiblement un clocher à bulbe si caractéristique de l’Europe orientale ?