CLONE WARS

Genndy TARTAKOVSKY (1970-)

Etats-Unis, 2003

A force de numéroter les épisodes n’importe comment, ça devait arriver. Voilà que George Lucas a inventé des trucs à caser entre deux. Voici donc les Clone Wars (épisode 2,5, à peu de chose près). Originalité : il s’agit de films d’animation. Le travail ayant été confié à Cartoon Networks, il ne faut pas s’étonner si ça ressemble aux Supernanas (Powerpuff Girls). On aime ou on n’aime pas mais le parti pris de la grosse ligne de contour noire n’est pas des plus heureux.

Les Sith (et les fans) voulaient la guerre, la voilà. Ca fait boum de partout. C’est limite s’il y a encore de la place pour les dialogues. Heureusement, il semble que tout le monde se fiche de ce qui se passe dans la tête des gens. Anakin Skywalker est impétueux et désobéissant. Padmé l’aime. Obi-Wan Kenobi fait la morale. C-3PO ne sert à rien (à tel point qu’il le dit lui-même dans La Revanche des Sith). Mace Windu fronce les sourcils. Yoda réfléchit. Donc, pour l’histoire : la guerre fait rage et le sénateur Palpatine/Dark Sidious continue à provoquer les événements en sous-main pour conditionner son futur élève (c’est à ce moment qu’il se fait enlever, comme le signale l’introduction du troisième épisode). Jusque-là, on n’apprend rien qui soit utile pour aller du deuxième au troisième épisode.

Outre la tripotée de chevaliers Jedi hautement décoratifs, on découvre deux méchants qui pourraient, à la rigueur, être intéressants. D’abord le général Grievous ("affreux, cruel, atroce", pour ceux que ça intéresse), un robot capable de se battre avec quatre sabres laser puisqu’il a quatre bras. Il pourrait être un précurseur de Dark Vador (apparemment, il y a un bout de quelque chose qui a pu être vivant dans la machine) mais il est loin de dégager la même aura suscitant l’angoisse. Tout ce qu’on saura, c’est qu’il collectionne les sabres laser de ses victimes.

L’autre personnage est une femme transformiste et bondissante au potentiel impressionnant. Il paraît qu’elle n’est pas vraiment Sith. Enfin, c’est ce que dit le vilain comte Dooku. En tout cas, on sent qu’elle a plein de choses à raconter, que, visiblement, ça la démange d’en découdre pour le côté obscur contre ses saloperies de chevaliers Jedi. Mais on ne saura rien, si ce n’est qu’elle a le même tailleur que Beetlejuice et qu’elle se bat avec deux sabres laser aux manches recourbés. Ce personnage rappelle Dark Maul (to maul : mutiler) par son double sabre et la profonde frustration que l’absence d’informations sur son histoire provoque. On dirait que les méchants de La Guerre des étoiles sont seulement élaborés en fonction de la nouveauté qu’ils peuvent apporter aux combats. C’est un peu juste pour susciter une adhésion totale.

Du côté des gentils, on découvre plein de choses intéressantes. Ou qui auraient pu l’être si elles n’avaient pas été bâclées. D’abord, les Jedi sont capables de sacrés exploits dans la bataille. Mace Windu se lance dans une folle parodie de Matrix Reloaded (avec cette question qui date au moins de Goldorak : "S’il est capable de faire ça, pourquoi attend-il le dernier moment pour mettre la pâtée à tout le monde, qu’on en finisse.")

Autre détails passés à la vitesse de la lumière (parce que c’est la guerre, voyez-vous. Pas le temps de tourner autour du pot) : l’adoubement d’Anakin (à la façon des chevaliers, avec coupe de la petite natte de padawan), l’apparition de la cicatrice d’Anakin à l’œil droit (sans plus d’explication qu’un retour de bataille), celle du nouveau revêtement en or de C-3PO (signe qu’il est devenu un droïde protocolaire, voyez-vous), la création d’un sabre laser...
Bref, plein de scènes de guerre, des dialogues creux, peu de véritables péripéties. Juste pur montrer qu’un film d’animation peut faire des images aussi moches et une histoire aussi insignifiante que dans une bonne partie de la saga.