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Ken GRIMWOOD (1944-2003)

Etats-Unis, 1988

"Il nous faut" sont les derniers mots dits par sa femme entendus par Jeffrey Winston, puis il est mort pour la première fois terrassé par une crise cardiaque à 43 ans le 13 octobre 1988. Quelques instants difficilement perceptibles plus tard, il se réveille dans sa chambre d’étudiant sur le campus d’Emory à Atlanta, au printemps 1963, dans son corps de jeune homme de 18 ans, avec la pleine conscience de ce qui désormais avait été sa première vie, somme toute guère réussie.

La réalité de la situation acceptée, celle-ci devient une deuxième chance de recommencer sa vie et de la réussir cette fois avec d’énormes potentialités offertes par le souvenir des évènements survenus entre 1963 et 1988. JFK n’est pas encore mort bien sûr, mais Chateaugay n’a pas encore gagné le Derby du Kentucky de 1963 non plus. Les limites tardent plus ou moins à apparaître : l’assassinat de JFK le 22 novembre 1963 à Dallas par Nelson Bennett d’abord, et, un quart de siècle plus tard, la mort, le même jour à la même heure que la précédente, suivie du réveil en 1963 mais pas tout à fait au même moment que la première fois.

S’ensuivent joie et tristesse quand les proches d’une existence ne vous connaissent plus la vie d’après, quand ils existent encore ; richesse facilement acquise et dépravation abordée sans la crainte de la déchéance finale ou plutôt la certitude de la forme qu’elle revêtira. C’est sans doute la solitude, en dépit de plusieurs femmes, la sensation la plus terrible et ce jusqu’à la rencontre avec Pam. Mais jamais aucune explication sur ces itérations chaque fois plus courtes de sa vie.

Ces sentiments et ces sensations, Kim Grimwood les restitue magnifiquement, notamment la nostalgie et l’incompréhension qui étreignent Jeff. Il n’est pas si fréquent que talent littéraire et imagination fantastique soient aussi bien rassemblée dans un livre qui en définitive satisfera les lecteurs de différents horizons, tant par sa beauté que par ses uchronies et ses mondes parallèles entrouverts.

Ironie du sort, Ken Grimwood, dont la vie n’était pas sans ressemblance avec la première de Jeff Winston, meurt le 6 juin 2003 à 59 ans d’une crise cardiaque.