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LES MYSTERES DE L’OUEST (saison 1)

samedi 9 avril 2011, par von Bek

Michael GARRISON (1922-1966)

Etats-Unis, 1965-1966, The Wild Wild West

Robert Conrad, Ross Martin, Michael Dunn

Régulièrement diffusée sur le de moins en moins petit écran, Les mystères de l’Ouest est devenue un classique de la série télévisée. Sans doute a-t-elle considérablement vieilli comparée aux nouvelles générations de série produites à la fin du siècle mais la création de Michael Garrison a aussi conservé un charme indéniable qui ne tient pas seulement de la nostalgie pour une génération de téléspectateurs, en dépit de scénarios et d’actions abracadabrantes, il faut bien le dire. Or ce succès est en partie dû à l’atmosphère fantastique ou science-fictive baignant les épisodes et formant même parfois un élément essentiel de l’intrigue.

Ni le fantastique, ni la science-fiction ne figuraient dans la maquette originelle qui présentait la nouvelle série comme un mélange d’histoire d’espionnage, inspirée de James Bond, et de western. Peut-être est-ce le recours aux gadgets utilisés par James West et Artemus Gordon, les deux héros, ou le nombre considérable de passages secrets empruntés qui firent basculer la série vers un chemin imprévu ?

Le choix de l’époque a sans nulle doute été déterminante. Bien que la série, comme celles de son temps, ne se préoccupe guère de cohérence interne ou du suivi de ses personnages, les dates n’étant que rarement précisées par exemple et évoluent entre 1872 et 1874, l’action prend place sous la présidence d’Ulysse S. Grant (1869-1876), une dizaine d’années après la guerre de sécession (1862-1865) dans laquelle s’est illustré Grant, une époque difficile pour les Etats-Unis qui cherchent à reconstruire leur unité et poursuivent en parallèle la conquête de l’Ouest. C’est aussi une époque de progrès scientifique et d’industrialisation et surtout de certitude du bien-fondé et de la pérennité de cette évolution. Jules Verne publie en France ses principaux romans dans les années 1860-1870.

Les auteurs de la série, Michael Garrison en tête, volontairement ou non, ont largement su percevoir l’atmosphère de cette époque et surtout la vision qu’en avait la culture populaire du XXe siècle, ne serait-ce qu’en installant leurs héros à bord d’un train dont le confort et les multiples gadgets feraient rêver 007. Un tel contexte leur offrait de multiples sources d’inspiration à commencer par celles relevant de la politique : un tiers des projets maléfiques visent à tailler un territoire aux dépens des Etats-Unis ou du Mexique (curieusement le Canada n’est jamais impliqué, du moins dans la 1ère saison).

Dès le deuxième épisode, la technologie fait son apparition dans les ressorts de l’intrigue sous la forme d’un train-bélier blindé qui n’entrera jamais en action. A la manière de Jules Verne, sont introduits ponctuellement des éléments de prospective scientifique ou technique dans des domaines variés : la physique avec une nouvelle matière (le franconium de La nuit du cadavre fluorescent), la chimie avec la drogue hallucinatoire du docteur Loveless (La nuit du printemps meurtrier), la médecine avec la chirurgie esthétique grâce à laquelle Loveless, encore lui, veut construire un sosie de James West (un West vaut mieux que deux tu l’auras ?) dans La nuit de la ville sans voix ou avec la bactériologie de La nuit de la peste subite, prélude aux découvertes de Yersin en 1894. Dans La nuit des esprits de feu, un bandit entend vaincre l’armée grâce à un lance-flamme prodigieux tandis que dans La nuit des conquistadors, Thorald Wolfe utilise un véhicule blindé qui préfigure les chars d’assaut.

Bien que fournissant la plupart du temps un élément qui lance l’épisode mais se révèle "rationnellement" explicable, un peu à la Scoubidou, le fantastique n’est pas en reste avec La nuit du phare hurlant, épisode dans lequel un individu prend le contrôle des gens par hypnose, et surtout avec La nuit de l’élixir de diamant, épisode digne L’homme invisible de Wells puisqu’un savant utilise un élixir pour accélérer sa vitesse de mouvement au point d’en devenir invisible aux yeux des autres et ainsi pouvoir perpétrer ses vols.

Au carrefour des deux genres, La nuit des magiciens constitue un sommet de la saison : un illusionniste aux talents improbables oeuvre à kidnapper des savants américains. Pensant d’abord à une opération étrangère, les agents du service secret découvrent ensuite que les cerveaux des disparus ont été regroupés au sein d’une machine électrique destinée à servir les fantasmes et projets d’un savant fou.

Paradoxalement avec l’atmosphère science-fictive, ce genre de personnage n’occupe pas une place si importante dans la saison. Au contraire les militaires déçus ou déchus fournissent quelques uns des vilains (4 sur 28 épisodes) et la plupart des autres sont des voleurs, des politiciens corrompus ou des princes dévoyés. Reste que dans la catégorie des savants fous apparaît à quatre reprises, et dès le troisième épisode [1], l’adversaire redondant de West et Gordon : le docteur Miguelito Loveless formidablement campé par Michael Dunn, un nain génial et misanthrope assisté par une femme, Antoinette, et, pour trois épisodes sur les quatre, d’un colosse baptisé Voltaire joué par Richard Kiel, le requin de James Bond.

Très rapidement, la série a trouvé ses marques en un schéma qui fit son succès : un méchant plus ou moins mégalomane voit ses beaux projets ruinés par l’intervention des deux acolytes du Service secret. Une jolie femme est souvent présente mais elle ne finit pas forcément dans les bras de James West. Enfin le générique et l’ingénieux système de cadres remplis au fur et à mesure de l’avancement de l’intrigue, découpant celle-ci en trois actes, constituent une griffe supplémentaire des Mystères de l’Ouest. A noter que dans le générique de la 1ère saison, la jeune femme qui tente de poignarder West se laisse tourner la tête par lui. Son destin change dès la deuxième saison.

Enfin, le téléspectateur n’aura pas manqué de remarquer la mention de Richard Donner à la réalisation à deux reprises [2].


[1La nuit de la terreur, La nuit de la ville sans voix, La nuit de l’attentat et La nuit du printemps meurtrier.

[2La nuit des barreaux de l’enfer et La nuit du printemps meurtrier.

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