Lasser. Trahisons en terres celtes (Lasser, 5)

Sylvie MILLER (1957-) & Philippe WARD (1958-)

France, 2019

Critic, coll. "Fantasy", 379 p.

Sylvie Miller et Philippe Ward peuvent être fiers : ils ont enfanté un personnage de privé qui s’est peu à peu imposé dans les mémoires des lecteurs de l’imaginaire, à l’instar de Temple Sacré de l’Aube Radieuse, dans Les Futurs mystères de Paris de Roland Wagner. Après une série d’enquêtes en Egypte ou alentours, une quête à la recherche de l’Atlantide et des voyages temporels en compagnie de H.G. Wells, Jean-Philippe Lasser, le détective des dieux, revient donc pour son cinquième volet sur les terres de sa jeunesse.

La Gaule, qu’il avait quittée après l’assassinat de ses parents, il la redécouvre d’abord via Marseille, où il échappe de peu à des fusillades entre gangs rivaux (vous avez dit uchronie de fantasy ?). Mais le cœur du roman, c’est l’enquête que lui confie son oncle, un des plus puissants druides de Gaule : mettre la main sur un druide renégat, qui a saboté un rituel et menace de plonger ainsi la Terre dans un hiver éternel. Accompagné d’Amr, son ami djinn, Lasser va visiter une partie de la Gaule, de la forêt de Brocéliande au Mont pas Saint Michel, en passant par la célèbre rue de la soif1, Avalon et même le centre de la Terre cher à Jules Verne, rencontrer fées, korrigans mais également divinités plus ou moins amicales. Car derrière la subversion des pratiques religieuses druidiques, un complot d’envergure semble se préparer, impliquant jusqu’au plus haut sommet de la hiérarchie divine…

Au-delà des clins d’œil habituels (ici, concernant parmi beaucoup d’autres Jean-Luc Rivera ou Bertrand Campeis, anthologiste chez Rivière blanche codirigée par… Philippe Ward !) et de l’hédonisme décomplexé de Lasser, toujours très agréable, portant sur l’alcool (son sempiternel whisky), les spécialités culinaires locales ou les voitures, ce sur quoi Trahisons en terres celtes nous éclaire, c’est donc sur la généalogie de Lasser. On découvre ce qui est réellement arrivé à sa mère, ainsi qu’une explication de la chance insolente dont bénéficie le détective des dieux. Il est également appréciable de voir mis à contribution une mythologie de plus, ici celle des Celtes et de la légende arthurienne mêlées, toujours avec une certaine ironie : Amr entre ainsi en affaire avec le korrigan Doyo chargé de les guider, et Arthur Pendragon occupe son immortalité en gérant un palace cinq étoiles.

L’intrigue qui se dévoile au fil du roman utilise avec malice les préoccupations actuelles liées au réchauffement climatique, en plus de se moquer avec irrévérence et légèreté des créatures divines. Ce cinquième tome est malheureusement le dernier de la série, ainsi que l’annoncent avec émotion les deux auteurs en fin d’ouvrage. Souhaitons de bientôt les retrouver pour de nouvelles créations !