IRON MAN

Jon FAVREAU (1966-)

Etats-Unis, 2008

Robert Downey Jr., Terrence Howard, Gwyneth Paltrow, Jeff Bridges

Derrière l’agacement que peut générer l’adaptation au cinéma systématique et méthodique de l’univers Marvel , il faut reconnaître que certains films sont quand même plutôt bien faits au regard des effets spéciaux. C’était le cas de Spider-Man, c’est le cas de Iron Man.

Tony Stark n’est pas seulement le play-boy à la vie dissolue dans l’alcool et les (jolies) femmes, il est aussi un génie et un milliardaire grâce à l’entreprise d’armement héritée de papa qu’il a su faire prospérer (l’entreprise pas papa parce que celui-ci est mort dans un accident de voiture). C’est à l’issue de la présentation en Afghanistan de son dernier missile baptisé Jericho que son convoi est attaqué et qu’il est capturé et blessé par un groupe de terroristes qui entend bien se servir de son génie pour se doter de missiles Jericho. Aussi blasé par la vie qu’il soit, Stark préfère cependant user de ses compétences pour fabriquer une armure de combat qui lui permet de s’évader, mais les deux mois de captivité laissent leur marque sur sa conscience et à son retour à la civilisation, il annonce la fin de la branche armement de Stark Enterprise, ce qui n’est pas du goût du vice-président Obadiah Stane (Jeff Bridges) qui dissimule quelques pratiques moralement douteuses. Alors que Stark s’isole dans sa villa, travaillant d’arrache-pied au perfectionnement de l’armure avec laquelle il espère réparer ses erreurs, Stane l’écarte de la direction de la sociéte et oeuvre à la réalisation de son armure de combat.

Iron Man s’avère déjà plus fidèle à la mythologie marvellienne que certains opus comme Les quatre fantastiques. La personnalité de Stark, son retournement moral notamment aussi surfait qu’il soit, sont globalement respectés et les origines d’Iron Man aussi. Bien que la genèse du super-héros remonte en 1963 et à la guerre du Vietnam, il n’est pas choquant de la voir modernisée au profit de l’Afghanistan [1], les comics eux-mêmes ayant déjà recouru à cette pratique. Pour autant, la p^roduction ne dédaigne pas des références plus classiques et Tony Stark, milliardaire puissant mais handicapé, forgeant son arme au fond d’une caverne, n’est-ce pas une métaphore d’Héphaïstos, le dieu grec boiteux ? Les personnages gravitant autour de Tony Stark sortent directement du comics. Certes James Rhodes (Terrence Howard) n’y est pas colonel de l’USAAF et le chauffeur "Happy" Hogan, ici interprété par le réalisateur Jon Favreau, occupe une place plus importante dans les premières années de la bande-dessinée, mais les rapports de Stark avec Virginia Potts (Gwyneth Paltrow) ou Obadiah Stane correspondent plutôt bien à la litterature. Les acteurs servent aussi plutôt bien leurs personnages et le scénario, aussi prévisible qu’il puisse paraître, constitue un condensé des épisodes de l’Invincible Iron Man de sa création jusqu’aux années 80.

Le fan Marvel pourra par ailleurs s’amuser à repérer les divergences ou les clins d’oeils qui abondent depuis l’inévitable figuration de Stan Lee, ici dans la peau de Hugh Heffner (du moins dans la VF), jusqu’au prénom de Jarvis dont l’IA est affublée, qui annonce les Vengeurs auxquels appartient Iron Man. La présence du SHIELD était elle-même inévitable (surtout dans la perspective d’une éventuelle suite) mais il faut attendre la fin du générique pour voir apparaître Samuel L. Jackson dans le rôle de Nick Fury.

La réussite d’Iron Man doit cependant essentiellement au réalisme de l’armure, soit à une bonne maîtrise des effets spéciaux conjuguée à un budget suffisant (186 M$). Indépendamment de tout réalisme technologique ou scientifique (c’est quand même de la SF et un film de super-héros bon sang !) ou de discours moralisateur sur le symbolisme du super-héros et l’utilisation de la force, l’armure d’Iron Man est un petit chef d’oeuvre à l’écran.

Aurons-nous le plaisir de la revoir dans le prochain Hulk annoncé pour 2008 et dont la réalisation a été confiée à Louis Leterrier (glups !) ? En tout cas, Robert Downey Jr est dors et déjà cité dans la distribution dans le rôle de Tony Stark...