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Au-delà de la planète silencieuse
Le silence de la Terre
samedi 9 septembre 2006, par
C. S. LEWIS (1898-1963)
Grande-Bretagne, 1938, Out of the Silent Planet
Publié une première fois en français sous le titre Le silence de la Terre, la publicité faite autour de Narnia vaut à ce roman une deuxième vie éditoriale. Mais si le titre a changé, la traduction reste la même !
C. S. Lewis est un auteur aussi connu que J. R. R. Tolkien en Angleterre, principalement grâce à son cycle des Chroniques de Narnia, révélé au grand public français par le biais du film produit par Disney en 2005. Pourtant, il avait écrit, avant ce succès populaire, une trilogie de science-fiction qui s’était imposée comme un classique du genre. Lewis, ancien athée devenu chrétien convaincu, l’avait conçu comme une réponse et un contrepoids au roman de son compatriote Olaf Stapledon, Les derniers et les premiers, nettement plus critique et relativiste quant aux religions.
Si Le silence de la Terre, premier volet du cycle, est écrit dans un style descriptif très linéaire et désuet, à l’image de certains romans de J.H. Rosny Aîné, il s’avère plus original dans sa thématique marquée de théologie. A l’instar des Navigateurs de l’infini, le narrateur, Ransom, se retrouve embarqué contre son gré dans une expédition menée par deux scientifiques en direction de Mars. Réussissant à s’enfuir peu après l’arrivée de l’astronef, il découvre les différentes espèces de Malacandra, le nom de la planète pour ses habitants : les hrossa, des félins férus de poésie et de chasse ; les sorns, des humanoïdes filiformes et majestueux solitaires et penseurs ; les pfifltriggi, enfin, mi-grenouilles mi-mammifères, spécialistes de l’artisanat et de la fabrication. Toutes ces races vivent en parfaite harmonie sur un monde surtout viable dans ses profondes gorges (les erreurs scientifiques sur la surface de Mars ou sur son ciel bleu sont, à l’époque, parfaitement compréhensibles), sous la direction éclairée de Oyarsa.
C’est en le rencontrant que Ransom comprend finalement qu’il s’agit d’un archange, et que Malacandra, contrairement à la Terre, qualifiée de « planète silencieuse », n’a jamais connu le péché originel... Ce faisant, Lewis défend l’idée selon laquelle la Création ne se limite pas à la Terre, mais concerne l’ensemble de l’univers, tout comme donc la foi subséquente à l’existence de Dieu, le seul et l’unique. Il est toutefois curieux que ce Dieu si puissant ait voulu cacher à Oyarsa ce qui s’est passé sur Terre après la chute de Lucifer (dont l’Incarnation), mais sans doute est-ce là un problème qui échappe aux préoccupations de la raison... Un roman qui n’est pas désagréable à lire, mais s’avère fort pesant quant à son message.