Marvel Universe by John Byrne (vol. 1)

DESSINS : John BYRNE (1950-), Klaus JANSON (1952-)

SCENARIO : John BYRNE (1950-), Chris CLAREMONT, Stan LEE (1922-2018), Archie GOODWIN (1937-1998), Steven GRANT (1953-), Mark GRUENWALD (1953-1996), Bill MANTLO (1951-), David MICHELINIE (1948-), Jim SHOOTER (1951-), Roger STERN (1950-)

Etats-Unis, 1977-1990

Marvel Comics, 2016, 1120 p.

S’il fallait une manifestation que John Byrne est un auteur aussi bien iconique pour les lecteurs, que bankable pour les éditeurs, il suffirait de considérer, en cette fin de quart de siècle d’intense activité comics cinématographique, les rééditions dont il fait l’objet sous un format consistant, certes, mais un peu onéreux [1].

Néanmoins, la politique éditoriale étant ce qu’elle est, elle échappe parfois à un quelconque souci d’exhaustivité ou de scientificité. Bien que les quarante-neuf publications ou extraits de publications réunis dans ce Marvel Universe by John Byrne soient publiées dans l’ordre chronologique, ils se répartissent inégalement dans le temps. On peut distinguer trois périodes.

La première est celle qui correspond à une intense activité de John Byrne pour la compagnie Marvel, ce qui se manifeste par la présence de trente-cinq publications sur les quarante-neuf (soit 70%), s’étalant entre février 1977 et juin 1982. Elle couvre sept titres différents et aussi bien des épisodes qu’un roman graphique Star-Lord, paru dans le périodique Marvel Preview de juin 1977. La deuxième période ne consiste qu’en sept épisodes des aventures de Hulk (dont une publiée dans le parodique Marvel Fanfare) entre fin 1985 et novembre 1986. A cette époque, John Byrne abandonne le titre Fantastic Four après cinq ans de direction et un peu avant novembre 1986 paraît le premier épisode de sa réécriture de Superman, la mini-série Man of Steel, chez DC Comics. Enfin, la troisième période se résume à une préparation aux dessins de sept épisodes de Wolverine que complète Klaus Janson, au travail pudiquement qualifié de finitions alors que le style se démarque très visiblement de celui de Byrne quand il fait tout le travail. Sans doute fallait-il ménager la star [2]. Ayant lu pour ma part ces épisodes de Wolverine lors de leur publication en France dans le Serval V.I. des éditions Semic, dans la première moitié des années 90, époque à laquelle je ne prêtais pas attention aux noms des artistes, je peux dire que je n’avais pas remarqué que John Byrne avait participé.

Aussi, Marvel Universe by John Byrne ne comprend-t-il pas l’intégralité du travail de Byrne pour la Maison des idées, même si l’on exclut ses longs passages sur les X-Men (1977-1981) ou sur les Quatre Fantastiques (principalement de 1981 à 1986), mais plutôt une sélection des passages de courtes ou moyennes durées sur certains titres, voire même des épisodes isolés, au mépris parfois de certaines logiques. Par exemple, ses premières participations aux productions Marvel en 1975, - une au fanzine officiel FOOM et une autre au titre Giant Size Dracula -, ne figurent pas au menu.

Il est aussi révélateur du manque de soin que toutes ses interventions sur un titre n’ait pas été réunies dans ce volume. Ainsi, les cinq épisodes consécutifs (n°11 à 15) des aventures des Champions [3] qui ouvrent le volume ne sont pas suivis du n°17, dernier numéro du titre Champions sur lequel, il est vrai, John Byrne a seulement fourni un travail complémentaire au dessins de George Tuska. Dans la même logique, alors que figurent dans ce volume les quatorze épisodes d’Avengers [4], il n’y a pas son Avengers Annual n°14 de 1985. Que penser aussi du fait que sont publiés les trois épisodes des aventures de Power Man (n°48 à 50), épisodes qui voient la formation du duo Power Man et Iron Fist, le titre Power Man devenant Power Man and Iron Fist portant le numéro 50, sans adjoindre les dix-neuf épisodes précédents des aventures d’Iron Fist réalisés avec Chris Claremont ?

Pourtant, et les épisodes de Power Man en sont un exemple, les histoires réunies ici ne sont pas des bouche-trous dénués d’importance ni même d’intérêt. Il y a notamment les épisodes de la malheureusement trop courte collaboration avec Roger Stern sur Captain America, dont j’ai déjà parlée par ailleurs. Il y a aussi les épisodes d’Avengers dans lesquels sont posées des bases essentielles tant dans l’histoire du groupe de super-héros, confronté à une tentative de contrôle par l’Etat que pour la mythologie Marvel concernant la Sorcière rouge. Les deux épisodes tirés de Marvel Premiere mettant en scène la genèse du deuxième Ant-Man sont excellents. Quant aux épisodes de Hulk, scénarisés par John Byrne en personne, ils sont audacieux puisqu’il orchestre rien de moins que la dissociation de Hulk et de Bruce Banner. Toutefois, notre auteur ne mène pas la trame jusqu’au bout puisqu’il quitte Marvel pour DC. Il faut donc rendre leurs dus aux scénaristes : le dessin de Byrne sert, parfois magnifiquement dans le cas de Star-Lord ou d’épisodes d’Avengers, des aventures imaginées entre autre par Chris Claremont, Bill Mantlo, David Michelinie, Roger Stern, Mark Gruenwald et Steven Grant.

Est-ce que cela suffit cependant pour motiver l’achat de ce volume quand même vendu la coquette somme de 125 $ (prix réduit à 85 $ sur Amazon.com, mais plus de 107 € sur Amazon.fr [5]) ? Pour quelques histoires difficilement trouvables et dont on espère la réédition par les éditions Panini, si tant est qu’elles parviennent à s’affranchir des éditions Marvel en ne publiant pas que des volumes déjà édités outre-atlantique, alors je dirais que la réponse est non. D’autant que les épisodes Avengers sont disponibles dans les volumes Avengers, l’intégrale, les épisodes Power Man, dans le troisième volume de Luke Cage, l’intégrale 1976-1977 et on espère dans le quatrième volume, s’il paraît un jour. Pour ce qui est de Captain America, le passage du tandem Byrne-Stern est tellement fameux qu’il est régulièrement réédité et les épisodes de Wolverine sont dans le tome 3 de la collection intégrale Panini éponyme paru en décembre 2020. Certes, la somme des parties excède le prix du tout-en-un Marvel Universe, mais le lecteur français aura ainsi accès à une édition française et pourra opérer une sélection nécessaire.