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DOOMSDAY

Glasgow Dérangés !

samedi 5 avril 2008, par von Bek

Neil MARSHALL (1970-)

Grande-Bretagne, 2008

Rhona Mitra, Adrian Lester, Darren Morfitt, Craig Conway, MyAnna Buring, Malcolm McDowell, Bob Hoskins, David O’Hara

Pour son troisième long métrage, Neil Marshall change encore de sujet et, après les loups-garous de Dog Soldiers et les monstres troglodytes de The Descent, voici venir les Glasgow Dérangés de Doomsday. Faut-il pour autant en conclure que le réalisateur britannique sait se renouveler ?

Au début du XXIe siècle, une épidémie s’étend parmi la population écossaise. Sa mortelle virulence contraint le gouvernement britannique à construire un nouveau mur d’Hadrien et à enfermer tout le pays dont la population en proie à la panique tombe dans la sauvagerie et l’anthropophagie. Un quart de siècle après, il n’existe officiellement plus aucun survivant au nord du mur. Le reste de la Grande-Bretagne, traitée comme une paria par les autres nations, en subit les conséquences économiques et c’est au coeur de Londres, appauvrie et grouillante, que le virus du Faucheur apparaît à nouveau. Le gouvernement organise dans l’urgence une expédition suicidaire au-delà du mur où quelque chose à survécu pour une raison inconnue, et il en confie le commandement au major Sinclair (Rhona Mitra).

Pas franchement originale puisque déjà utilisée dans les Resident Evil, dans 28 jours plus tard ou même dans la série de films tirés de Je suis une légende, l’idée de l’épidémie devient rapidement prétexte à une incursion dans un espace de non-droit et est reléguée à l’arrière-plan du scénario. Celui-ci tourne donc au film de commando et de course-poursuite dont une grande partie du poids de l’action repose sur les épaules de Rhona Mitra, laquelle apparait d’ailleurs physiquement plus crédible que Kate Beckinsale dans Underworld. Eidos ne s’est pas trompée en lui faisant endosser le costume de Lara Croft à des fins promotionnelles.

Or, le scénario tend à se limiter à cet objectif d’action. Sans guère d’originalité mais en mélangeant les influences au risque de perdre de la cohérence, Neil Marshall, auteur-réalisateur, installe deux communautés totalement différentes dans cette Ecosse apocalyptique. Aux punks - ils en ont le look à défaut de la musique [1]- cannibales de Glasgow emmenés par Sol (Craig Conway), leader dont le pouvoir repose sur la force et le charisme, s’opposent le groupe organisé en communauté médiévale dont Kane (Malcolm McDowell) est le seigneur. Tour à tour, le major Sinclair et son équipe qui se réduit comme une peau de chagrin doivent affronter les uns et les autres dans des scènes qui évoquent soit Mad Max, soit Excalibur, l’onirisme en moins. Et le film n’explore pas davantage les ressorts de cette situation. Simple mélange ou volonté d’hommage, Doomsday apparaît rapidement très pauvre.

Neil Marshall plaque sur cette trame sa recette du film d’horreur déjà goûtée dans Dog Soldiers ou dans The Descent. Autant dire que l’hémoglobine coule à flot des membres et gorges tranchés ou purulents et que le réalisateur s’adonne à un humour sanglant volontairement ridicule. Se retrouve aussi la sempiternelle langue déployée et frétillante du psychopathe hilare, hélas devenu le jeu obligé du méchant forcément déjanté dans le cinéma contemporain.

Au final, si Doomsday a profité d’un budget cinq fois plus important que The Descent, vite englouti dans la pyrotechnie, les cascades au volant d’une splendide Bentley Continental GT (au passage on aimerait au générique un message rassurant comme quoi aucune voiture n’a été blessée dans le tournage), et quelques figures de proue sous-employées en dépit d’une carrière qui périclite comme Bob Hoskins et Malcolm McDowell, le résultat distraie un peu mais ne convainc pas, beaucoup moins que The Descent ou Dog Soldier en tout cas.


[1Même si Duran Duran et son influence post-punk figurent dans la B.O.

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