Accueil > TGBSF > R- > La révolte des pierres
La révolte des pierres
jeudi 10 janvier 2008, par
Léon GROC (1882-1956)
France, 1930
Petite Bibliothèque Ombres, collection « Les classiques de l’utopie et de la science-fiction », 1998, 192 pages.
Léon Groc, journaliste et auteur prolixe, a rencontré à plusieurs reprises le genre de la science-fiction, seul ou en duo (voir L’univers vagabond avec Jacqueline Zorn, chroniqué sur ce site). La révolte des pierres ne lui permet malheureusement pas de s’imposer comme un incontournable, tant ce roman souffre de défauts assez proches de son contemporain La grande panne, avec un souffle occasionnel bien inférieur.
Toute la première moitié de l’histoire s’apparente d’ailleurs plus à une enquête policière qu’à du merveilleux scientifique bien affirmé. Le narrateur, Armand Brissot, est en effet un astronome de l’observatoire de Paris qui assiste à la chute d’un aérolithe, dont il récupère pour son seul usage un modeste débris (attitude d’une rigueur peu scientifique, d’ailleurs !) doté d’étranges pouvoirs d’attraction. Se liant à un journaliste, il va ensuite l’accompagner à la recherche d’une scientifique scandinave dont il est épris et qui a mystérieusement disparu. En chemin, ils croiseront un cadavre atrocement assassiné, une sectatrice d’une énigmatique société secrète, et une créature féminine pleine de duplicité. C’est à ce moment-là que l’ingrédient SF se fait pleinement jour : les morceaux du météore sont en réalité les trois éléments d’un sélénite, être minéral source de radioactivité. En s’en emparant, on peut agir sur la structure des pierres, et par conséquent détruire bâtiments ou montagnes, ce que ne va pas se priver de faire un méchant avide de pouvoir.
Ce roman se révèle en effet par trop manichéen, à la fois dans ce personnage caricatural d’âme damnée et dans les sélénites eux-mêmes, qui semblent être de véritables concentrés de haine. Sans parler d’une mentalité très petite bourgeoise sensible à plusieurs reprises : suite à la confusion générée par la menace de l’effondrement des bâtiments parisiens, le gouvernement quitte la capitale, laissant le champ libre aux « (...) chefs des partis politiques extrêmes [qui] recrutaient des partisans et préparaient la révolution », avant que l’ordre soit rétabli et les agitateurs emprisonnés ou fusillés ; quant à l’histoire d’amour, plutôt que son amour initial pour l’astronome suédoise aussi belle que fantasque et imprévisible, emplie de passion, le narrateur finira par épouser son amour de jeunesse, petite fonctionnaire des Postes simple et modeste...