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LES AVENTURIERS DE L’ARCHE PERDUE
samedi 31 mai 2008, par
Steven SPIELBERG (1946-)
Etats-Unis, 1981, Raiders of The Lost Ark
Harrison Ford, Karen Allen, Paul Freeman, Ronald Lacey, John Rhys-Davies, Denholm Elliott
L’archéologie est une chose sérieuse et, jamais au grand jamais, une croix sur une carte n’a indiqué l’emplacement d’un trésor. D’ailleurs les outils de l’archéologue tiennent davantage du pinceau, du marteau taille-pierre ou de la brouette. Visiblement, la formation archéologique outre-atlantique peut s’enorgueillir d’autres pratiques pédagogiques, car c’est équipé d’un fouet et coiffé d’un borsalino que le professeur Indiana Jones, éminent universitaire, affronte les dangers les plus divers, ceux de la jungle amazonienne comme ceux du désert égyptien. Sur les insistances du gouvernement des Etats-Unis, il part en chasse de l’arche d’alliance construite par les Hébreux pour contenir les tables de la loi donnée par Dieu à Moïse sur le mont Sinaï. Une véritable course au trésor puisqu’une équipe nazie sous la direction scientifique de son éternel rival le docteur Bellog est aussi sur les traces du précieux réceptacle.
Avec Alien, le 8e passager et La guerre des étoiles, Les aventuriers de l’arche perdue constitue le 3e pilier marquant une réorientation du cinéma au tournant des années 70/80 vers un divertissement qui ne néglige en rien la qualité et les moyens. Ses créateurs ont déjà rencontré leurs premiers succès mais ne sont pas encore tous installés : Steven Spielberg n’a pas tourné depuis le flop incompréhensible de 1941. Il songe à réaliser un succédané de James Bond mais suit les conseils de George Lucas qui l’oriente vers le personnage d’un archéologue aventureux. Ce sera Indiana Jones.
De fait, Indiana Jones emprunte beaucoup à James Bond à commencer par des scènes d’action et le fameux principe de la petite histoire en prologue. Comme dans tout film d’aventure, il y a une belle, ici assez brute de décoffrage, et une bête, alors marquée du sigle des nazis. L’humour est aussi au rendez-vous, quoique pas toujours prévu si l’on en croit la genèse de la fameuse scène du sabre et du pistolet. Le parallèle s’arrête ici cependant car Les aventuriers de l’arche perdue installe aussi quelques éléments appelés à faire recette dans les épisodes suivants.
Ainsi le héros doit-il faire face aux multiples pièges qui gardent les lieux dont il doit percer les mystères. Le film tient d’ailleurs du jeu de piste avec ses énigmes à résoudre. Les thématiques abordées renvoient à l’Histoire secrète, cette branche de l’histoire dans laquelle les théoriciens les plus farfelus cherchent des explications qui fleurent bon la paranoïa aux éléments inexpliqués. Alors non l’arche d’alliance ne semble pas avoir été détruite avec le Temple par Nabuchodonosor II en 586 mais bien cachée, comme d’ailleurs semble le suggérer le Second livre des Maccabées .
Pour autant tout cela n’est pas vraiment nouveau et George Lucas, un grand expert de l’inspiration, peut bien avoir puisé ces idées dans la littérature d’aventure populaire du XIXe siècle et notamment le personnage d’Allan Quatermain créé par le britannique Henry Rider Haggard (1856-1925) et dont le souvenir s’est largement perpétué par le cinéma, sous les traits de Stewart Granger entre autre (Les mines du roi Salomon, 1950) . Indiana Jones en constitue la version éduquée, universitaire mais pas moins combattive. Le choix d’Harrisson Ford pour l’incarner est intéressant à plus d’un titre : l’acteur n’est plus un petit jeune (39 ans) et possède donc la maturité physique qui correspond bien à l’expérience de son personnage. S’il doit ce rôle à la célébrité acquise dans le costume de Han Solo, il peut aussi remercier Tom Selleck, contacté en premier mais coincé sur le tournage de Magnum.
Mystères ancestraux, voyage exotique, lutte du bien contre le mal, jolie femme, humour, le cocktail ne pouvait être qu’explosif.