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INDIANA JONES ET LE TEMPLE MAUDIT
samedi 7 juin 2008, par
Steven SPIELBERG (1946-)
Etats-Unis, 1984, Indiana Jones and The Temple of Doom
Harrison Ford, Kate Capshaw, Jonathan Ke Quan, Amrish Puri
Coincé entre Les aventuriers de l’arche perdue, opus fondateur référentiel, et Indiana Jones et la dernière croisade, qui bénéficie de la participation réjouissante de Sean Connery, ce second volet fait figure de ventre mou de la saga. Pourtant, il est foncièrement aussi bon que les deux autres épisodes. On y retrouve le même cocktail d’action, un rythme soutenu qui ne laisse aucun répit et écarte tout ennui, ce dès la séquence d’ouverture dans le club Obi Wan de Shanghai (sic), véritable pièce d’anthologie après l’hommage transparent aux comédies musicales des années 50, avec sa simili partie de football où diamant et antidote remplacent le ballon.
Finalement confrontés à un traquenard aéronautique [1], Indiana Jones et ses deux compagnons se retrouvent en Inde, dans un village où tous les enfants ont disparu, de même que la pierre sacrée protectrice de la région. Charge au héros de se rendre au palais proche, où les sectateurs du culte mortifère de Kali ourdissent de sombres desseins afin de faire de leur déesse la maîtresse du monde. Ses deux acolytes, que l’on pourrait prendre pour des faire valoir, sont en réalité d’une aide précieuse : demi lune, un enfant orphelin assez agaçant, et Willie Scott, chanteuse de cabaret un peu bécasse, capricieuse et hystérique, telle une star qu’elle n’est pas !
Cette dernière est un des supports les plus précieux de l’humour qui irrigue le film, rapprochant Indiana Jones, archéologue séducteur et aventurier, d’un James Bond à la sauce Rider Haggard (jusqu’à la situation du héros en mauvaise posture à un moment du film - Octopussy, daté de 1983, ne se passe-t-il d’ailleurs pas en Inde ?). Outre les clins d’œil à Star Wars (le piège des sous sols du palais où la pièce se rétrécit) ou au premier film de la saga (l’aventurier cherchant son pistolet pour abattre les deux duettistes), il faut bien sûr citer, parmi les meilleurs moments du métrage, le repas de fête au palais du maharadjah, version étatsunienne de la cultissime séance de nos Bronzés font du ski ! Les autres séquences de plus grande intensité sont assurément le sacrifice dans le temple souterrain, la poursuite en wagons dans la mine, alors très impressionnante sur grand écran, et l’affrontement final sur le pont de lianes, avec des effets spéciaux ayant plutôt bien vieillis.
Quant à la mise en scène des enfants, indéniablement une des marques de fabrique de Spielberg, il faut certainement y voir une dénonciation du travail actuel des mineurs, dénonciation cependant toute moralisante, sans aucune réflexion approfondie sur l’ambiguïté de la chose, avec des exploiteurs barbares et étrangers fort manichéens… Terminons par la caractéristique essentielle qui fait de tous les volets d’Indiana Jones des films fantastiques, la présence de la magie divine, ici en la personne du grand prêtre de Kali : une façon d’exprimer la religiosité si chère aux Etats-Unis, dans une optique tolérante et relativiste, puisqu’en accordant du pouvoir aux divinités hébreu, hindou et chrétienne, on écarte toute attitude agnostique ou athée, tout en condamnant au passage le fanatisme en la personne du grand prêtre de Kali. Le divertissement n’en demeure pas moins de premier ordre !
[1] Signalons toutefois une erreur curieuse, le survol de la Grande muraille alors que l’avion part vers le sud-ouest de Shanghai…