Foetus Party

Pierre PELOT (1945-)

France, 1977

Denoël, collection Présence du futur, 192 pages.

Ce roman de Pierre Pelot, le premier publié par l’auteur chez Présence du Futur, est particulièrement révélateur d’une des tendances de fond de la SF française, remise au goût du jour par cette décennie prolixe des années 70, celle d’un pessimisme dépressif fertile en fins du monde.

Dans l’avenir imaginé par Pelot, à l’aide d’une plume alerte et réaliste (impressionnantes et terribles descriptions de combats), presque familière, la population mondiale a atteint le chiffre de quinze milliards, et la poursuite du développement capitaliste aveugle a épuisé la quasi-totalité des ressources énergétiques. Une théocratie composée des fractions les plus fanatiques des religions, le Saint-Office dirigeant, a fini par s’emparer du pouvoir, imposant un strict contrôle des naissances, rendant le suicide obligatoire et compensant la destruction de presque toute la nature par le recyclage des cadavres et des excréments en nourriture.

On mesure tout ce que cette vision doit au film Soleil Vert, et l’originalité du propos tient surtout aux parcours mis en scène : celui de Trash (sic), marginal qui subira un sort digne du Winston Smith de 1984 ; celui du mystérieux Ross-Jent, à l’identité incertaine, tiraillé entre les élites dirigeantes et les rebelles réfugiés dans les monumentales décharges ; celui d’un couple, les Lipton, qui doivent passer le troisième et dernier test afin de réussir à devenir parents. Afin de limiter l’essor démographique, les autorités ont en effet créé les fœtus parties, une forme d’interrogation du fœtus, seulement âgé de quelques mois, visant à savoir s’il a suffisamment envie de vivre dans ce monde glauque…

C’est par ce biais que Pelot se fait plus original, avec une révélation qui résonne également comme une absence pratiquement totale d’espoir et la perspective d’un nouvel embrasement mondial…