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Soleil chaud poisson des profondeurs

samedi 5 juillet 2008, par Maestro

Michel JEURY (1934-)

France, 1976

Au cours des années 70, la production de Michel Jeury dans le domaine de la SF fut particulièrement impressionnante quantitativement parlant. Et si tous ses romans ne sont pas des chefs d’œuvres, nul doute pour qualifier de la sorte Soleil chaud poisson des profondeurs. D’abord pour ce qui relève du style. Michel Jeury y fait en effet preuve d’un talent d’écriture certain, avec une prose riche, fleurie, toujours à cheval entre réalité et onirisme, certitude et fiction ; la multiplicité des néologismes, s’ils contribuent indéniablement à faire basculer le lecteur dans un futur autre, participe également d’un véritable esthétisme de la langue.

Quant au sujet, il décline certains des thèmes phares de l’univers de Jeury. En 2039, le monde est dominé par des multinationales gigantesques, les hypersystèmes, qui ont instauré un véritable totalitarisme de par leur omniprésence et leur commerce de tout (« Depuis que la médecine avait maîtrisé la théorie et la pratique des greffes, la chair humaine, les os et les viscères étaient devenus les valeurs les plus sures du marché financier mondial », p.112) ; les implants que certains humains se sont fait greffer à l’intérieur de crâne sont une forme d’« aliénation » supplémentaire. Sur cette Terre dénaturalisée et déshumanisée, nous suivons les trajectoires de plusieurs individus, tous liés entre eux par des maladies mentales apparues depuis peu, et qui sont une manifestation de la volonté de se replier sur soi et d’échapper au triste monde : les syndromes du soleil chaud et du poisson des profondeurs.

Dans cette société divisée en castes rigides, où les privilégiés ont droit à des clones décérébrés pour satisfaire leurs envies sexuelles, où l’évasion dans des mondes virtuels a atteint un troublant degré de réalisme, et où la géographie n’est plus connue que des seules sphères dirigeantes (La géographie, ça sert d’abord à faire la guerre… et à court-circuiter tout désir d’évasion), des mouvements révolutionnaires « libertaires » menés par quelques leaders se déclenchent en profitant d’une situation de crise générée par des rivalités croissantes entre mégagroupes. L’espoir d’une réforme venue de l’intérieur, en la personne du président, tourne vite cours face à l’« écopouvoir ». Finalement, l’embrasement final conduit à un effondrement de la civilisation technologique, et un retour à une société laissant libre cours à l’expression des pulsions fondamentales de l’homme, évocatrice de l’état de nature.

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