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LE JOUR OU LA TERRE PRIT FEU

Certains l’aiment chaude.

samedi 2 août 2008, par von Bek

Val GUEST (1911-2006)

Grande-Bretagne, 1961, The Day the Earth Caught Fire

Janet Munro, Edward Judd, Leo McKern,

Docteur Folamour datant de 1964, le britannique Val Guest, plus connu pour son film Quand les dinosaures dominaient le monde (1970), n’a pas encore à appris à ne plus s’inquiéter et à aimer la bombe. Aussi écrit-il, produit-il et réalise-t-il Le jour où la Terre prit feu, un film dont le titre pourrait faire croire qu’il est un prétexte à des effets aussi spéciaux que spécieux. Il n’en est cependant rien.

Alors que les deux superpuissances viennent de procéder à des essais nucléaires polaires, la météo s’affole et les journalistes aussi parmi lesquels Bill Maguire, chargé de la rubrique scientifique au Daily Express. Afin de tirer les choses au clair, il envoie son collègue et néanmoins ami Peter Stenning interroger le directeur de la météorologie nationale. Déplacement inutile puisque le service n’entend rien déclarer en dépit de la canicule qui succède au déluge mais pas si vain puisque Stenning, quelque peu porté sur la bouteille depuis son divorce et qui tend à négliger son travail, y rencontre une charmante standardiste dont la fréquentation le remet en selle et lui apporte le scoop : les essais nucléaires ont incliné la planète sur son axe et la Terre a dévié de sa trajectoire pour se rapprocher du soleil. Alors que la température monte et que les Londoniens perdent espoir et parfois la tête, que les incendies se multiplient et que l’eau devient une denrée précieuse, Peter Stenning retrouve sa forme journalistique, porté par sa relation avec Jeannie.

Abstraction faite des incohérences scientifiques, comme souvent en SF, car on ne comprend pas très bien comment des bombes atomiques pourraient agir sur l’orbite terrestre et on peut douter de la pertinence des dérèglements climatiques évoqués, le film de Val Guest s’avère particulièrement intriguant quant à sa finalité. Pas franchement un film polémique, il évite les longues diatribes contre la course aux armements et les envolées lyriques sur la paix dans le monde. La rencontre inopinée entre deux manifestations pro et anti-nucléaire qui génère une rixe est elle-même vécue en spectateur par Stenning. Peter Watkins fera beaucoup plus engagé avec La bombe en 1965. Il n’est pas non plus un film catastrophe, son créateur n’ayant visiblement pas eu les moyens d’en réaliser un. A ce titre les décors de Londres font souvent pitié avec ses toiles peintes en arrière-fond. A partir d’une même cause, le cinéma américain cherchera à faire plus spectaculaire avec Quand la Terre s’entrouvrira en 1965.

Reste le côté psychologique. Là encore la perspective eschatologique ne provoque pas l’effondrement généralisé de la société, à l’image des évènements du Choc des mondes (Maté, 1951), même si quelques jeunes sombrent dans la folie festive et décadente. Guest tend en revanche à diffuser un message des plus conservateurs ou à tout le moins stoïcien avec ses journalistes toujours fidèles au poste. A noter en passant que Le jour où la Terre prit feu est un beau film sur le journalisme responsable que devraient revoir les professionnels d’aujourd’hui. Si parler de rédemption devant l’abandon de la bouteille par Stenning serait abusif parce que cette désintoxication doit plus à l’amour qu’à la fin du monde annoncée, il n’en reste pas moins que le personnage véhicule un message moral et d’espoir.

Il est en effet difficile d’interpréter autrement la mise en scène du film, composé comme un gigantesque flashback tourné en noir et blanc qui se distingue clairement des parties qui l’encadrent, teintées en rouge pour figurer la chaleur croissante. Dès le début, le spectateur sait qu’il y a un espoir en une tentative risquée de renverser la situation par des explosions nucléaires [1]. Quant à la fin, elle s’avère un peu étonnante et la dernière image risque d’en choquer plus d’un...


[1A noter qu’on se demande comment la Terre pourrait ainsi réintégrer son orbite initiale

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