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Voyageurs
samedi 23 août 2008, par
Neil ASHER (1961-)
Grande-Bretagne, 2004,
Fleuve noir, collection "Rendez-vous ailleurs", 2008, 360 p.
ISBN : 978-2-265-08594-7
Neil Asher est un auteur commençant tout juste à se faire connaître dans nos contrées, d’abord avec L’écorcheur, qui a connu un certain succès, puis à travers ce nouveau roman. Au XXIIème siècle, la Terre est dans une sombre situation. La société y est policée à l’extrême, tandis que la misère sociale atteint des abysses. C’est le cas de Polly, une jeune femme dépendante à un stade poussée de drogues, qui parvient à gagner suffisamment pour ses doses grâce à la prostitution. Lorsqu’elle est contactée par Nandru, mercenaire et frère de son ancienne camarade tuée par overdose, elle se retrouve cible d’agents gouvernementaux, avant de plonger avec l’un d’entre eux, Tack, génétiquement programmé, dans les méandres du passé.
Effectuant des sauts réguliers dans le temps, Polly, désormais porteuse d’un tor, artéfact biologique capable de remonter la trame chronologique, visite l’Angleterre d’Henry VIII, la Bretagne de l’empereur Claude et diverses périodes de la préhistoire. Parallèlement, Tack devient l’enjeu d’un conflit majeur opposant deux fractions de l’humanité future : l’umbrathane, a priori dénuée de scrupules et alliée avec Cowl, créature supérieure issue de manipulation génétiques, face à l’héliothane, a priori plus humaniste et décidée à éviter que Cowl ne supprime l’origine de l’espèce humaine pour y substituer sa propre descendance. Tout ce beau monde va finalement se retrouver près du Nodus, le point du passé terrestre d’où est issue la vie complexe…
Une guerre temporelle qui n’est pas sans rappeler celle que Fritz Leiber avait imaginée, tandis que la déclinaison du voyage dans le temps autorise un certain rapprochement avec Baxter. Toutefois, si Neil Asher privilégie une action plus trépidante, il se différencie également de son compatriote par un discours hard science excessivement complexe, insuffisamment vulgarisateur. Asher a également tendance à ne pas approfondir tous les thèmes, nombreux, qu’il assemble, de même que les diverses époques traversées par les voyageurs. Enfin, si une certaine ambiguïté pouvait planer sur la validation implicite du darwinisme social, le final du roman, non avare en surprises et en étonnement, modère partiellement ce bémol. Un rien trop riche, Voyageurs demeure une lecture prenante mais modérée. Asher est en somme à Baxter ce que le rap est au rock…