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Les aventuriers de la mer
Plongeons et dragons
samedi 13 septembre 2008, par
Robin HOBB (1952-)
Etats-Unis, 1998-2000
C’est l’histoire de plusieurs malentendus.
D’abord le titre de la saga. Je croyais qu’on avait arrêté les contre-sens de ce genre depuis le pataquès de Body Snatchers. Mais non. Les intrigants « marchands aux vivenefs » (sorte de bateaux vivants, construits dans un bois magique) sont devenus des « aventuriers de la mer » peu excitants (car oui, pour moi, prendre la mer, c’est déjà une aventure en soi ; peu me chaut que des personnages fictifs appâtent également les poissons).
Ensuite, les trois gros tomes de l’édition originale ont été tronçonnés en neufs volumes avec peu de délicatesse. Parfois, les livres en français s’arrêtent en pleine action et c’est dommage.
Enfin, les trois premiers volumes laissent à penser qu’il s’agit de l’histoire parallèle et peu palpitante d’une jeune femme gâtée désirant reconquérir la vivenef dont elle est l’héritière légitime et d’un pirate gâté désirant… conquérir une vivenef. De temps en temps, l’action passe incompréhensiblement sous le niveau de la mer pour décrire les errances d’une poignée de serpents de mer. C’est pour mieux nous tromper. Le reste de la saga change résolument de direction et se centre la relation tragique des vivenefs, des serpents et… des dragons.
Les intrigues prennent place au sein d’une société de type fin du Moyen-âge tournée vers le commerce maritime, qui n’est pas sans évoquer les premiers pionniers du continent américain : des gens rejetés de chez eux sur une terre hostile et basant leur survie sur leurs principes et surtout la noblesse du marchandage (qui leur sauvera la vie plus d’une fois). La pierre angulaire de ce marché est le bois-sorcier, essence magique qui permet, au prix de nombreux sacrifices, de construire une vivenef, seul navire pouvant circuler sur le dangereux fleuve menant au désert de pluie et à ses produits de rêve.
Dans cet univers, Robin Hobb se régale visiblement et démontre sans cesse sa pleine connaissance du monde de la mer. Cette saga, qui se déroule sur plusieurs années, laisse aussi le temps aux nombreux personnages, humains, navires ou autres, d’en prendre plein la gueule et d’évoluer parfois pour le meilleur et à l’occasion pour le pire, mais jamais pour ce qu’ils croyaient qu’il arriverait (Robin Hobb prend d’ailleurs un malin plaisir à décrire toutes les situations « normales » avant d’y promener son crayon-bulldozer). Les morts sont nombreux et quelques personnages disparaissent de l’intrigue un bon moment. D’ailleurs, chaque division de chapitre est écrite du point de vue d’un personnage, ce qui permet de connaître et de voir changer la psychologie de chacun. Bref, malgré toutes les embûches, au bout de 3 000 pages, le navire des « aventuriers de la mer » tient parfaitement l’eau.
Titre original | Titre français | |
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Ship of Magic, 1998 | Le vaisseau magique, 2001 | |
Le navire aux esclaves, 2001 | ||
La conquête de la liberté, 2002 | ||
The Mad Ship, 1999 | Brumes et tempêtes, 2004 | |
Prisons d’eau et de bois, 2005 | ||
L’éveil des eaux dormantes, 2006 | ||
Ship of Destiny, 2000 | Le seigneur des trois règnes, 2006 | |
Ombres et flammes, 2007 | ||
Les marches du trônes, 2007 |