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LES JOYEUX FANTÔMES
Fantômes, Go Rome !
samedi 5 juin 2010, par
Antonio PIETRANGELI (1919-1968)
Italie, 1961, Fantasmi a Roma
Marcello Mastroianni, Belinda Lee, Edouardo De Filippo, Tino Buazzelli, Claudio Gora, Claudio Catania & Vittorio Gassman
Aristocrate désargenté, Don Annibaledi, prince di Roviano, vit entouré de ses domestiques dans son palais délabré mais néanmoins romain, se refusant à vendre à un entrepreneur de supermarché et persuadé avec raison qu’il vit entouré de fantômes. Ceux-ci, les ancêtres de la famille morts en état de péché, veillent en fait sur la maison mais parcourent aussi les rues de la ville éternelle, avec des centaines d’autres de leurs congénères, profitant parfois de leur état pour pratiquer un certain voyeurisme comme dans le cas de Reginaldo di Roviano (Marcello Mastroianni), un autre Casanova du XVIIIe siècle. La mort du prince donne la maison à son neveu Frederico (Marcello Mastroianni) qui, poussé par sa maîtresse la belle Eilenn (Belinda Lee), entend bien empocher les 180 millions de lires des promoteurs. Mais si en Italie le mauvais goût architectural d’un supermarché ne peut arrêter la corruption des autorités qui délivrent les permis de démolition, l’art le peut lui. Une fresque peinte dans la nuit par le fantôme de Giovanni Battista Villari ’il Caparra’ (Vittorio Gassman) redonne au nouveau prince la conscience de sa condition.
Collusion de talents - Ettore Scola participe au scénario -, Les joyeux fantômes tient de la fantaisie comme de la nostalgie pour une Italie alors en plein bouleversement des Trente Glorieuses où les moeurs et l’urbanisme se modernisent. Légèrement facétieux et bons vivants (sic), nos joyeux fantômes sont aussi les gardiens d’un passé prestigieux et dénoncent par la même occasion la corruption, ce mal italien, et les malversations immobilières de leurs époques. La scène dans une banlieue où les friches séparent encore des HLM encore jeunes et déjà horribles est un morceau quasiment incontournable du cinéma italien de l’époque (cf aussi La dolce vita, Fellini, 1960) et se retrouve même dans le cinéma français jusqu’aux années 1970 (cf. Les valseuses, 1974). Aussi le film de Pietrangeli, avec sa permanence de la famille di Roviani, a-t-il quelque chose de nostalgique et de conservateur, en dépit d’une certaine liberté de mœurs.