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Carbone modifié
samedi 8 août 2009, par
Richard MORGAN (1965-)
Grande-Bretagne, 2003, Altered Carbon
Takeshi Kovacs, ancien membre des Corps diplomatiques des Nations Unies - des forces d’un genre tout à fait spécial - ayant viré anarcho-bandit sur sa planète natale, est condamné à être stocké pour plusieurs dizaines d’années, la technologie permettant la numérisation des individualités dans des piles-mémoires pouvant être insérées dans un nouveau corps selon besoin. Kovacs se réveille pourtant sur Terre dans un autre corps suite à son engagement par Laurens Bancroft pour élucider les conditions de son meurtre que les forces de polices de Bay City (San Francisco) considère comme un suicide, à commencer par le lieutenant Ortega de la brigade des Dommages corporels. Richissime, Bancroft a les moyens d’assurer sa longévité et celle de sa femme depuis plusieurs siècles en changeant d’enveloppe corporelle régulièrement. Kovacs - prononcez Kovatch -, découvre rapidement que la mission n’est pas de tout repos et que son nouveau corps a lui aussi son histoire qui ne se limite pas à une tabagie handicapante et une programmation biotechnologique de combat. Et il va en avoir besoin...
Mélangeant d’une part le polar genre série noire quand l’alcool coule à flot, les cigarettes se grillent à la pelle ou quand il pleut des hallebardes et que le narrateur se trouve dessous, et le cyberpunk d’autre-part, Carbone modifié tient donc du cocktail explosif musclé. Pas vraiment étonnant donc que les studios aient déjà mis le grappin dessus dans la perspective d’une adaptation, surtout après le succès de Matrix. L’histoire apparaît d’autant plus efficace que l’auteur reprend à l’envie les codes des deux genres, y compris dans le dévoilement des informations et l’éclaircissement progressif de l’enquête.
Reste que ces fils tendus devant le lecteur mais que Kovacs ne saisit pas tout de suite sont un peu trop voyants et prévisibles dans les grandes lignes si ce n’est dans le détail. L’arrière-plan général, très riche, n’est pas totalement explicité mais laisse entrevoir un univers intéressant peut-être approfondi dans les deux volumes constituants la suite des aventures de Takeshi Kovacs Anges déchus et Furies déchainées.
Il faut quand même se garder de voir dans Carbone modifié comme seulement un équivalent d’un blockbuster qu’il n’est pas encore. Le questionnement sur l’identité, induit mais pas assez creusé, par la numérisation de l’individualité constitue la plus grande richesse de ce livre qui ne s’en lit qu’avec plus de plaisir.