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L’homme à rebours

samedi 21 février 2009, par Maestro

Philippe CURVAL (1929-)

France, 1974

Initialement paru dans la célèbre collection de Gérard Klein chez Robert Laffont, L’homme à rebours est un des classiques de Curval, aux côtés de Cette chère humanité. On est toutefois plus proche ici du Jeury du Temps incertain, et des questionnements sur l’identité, la nature de la réalité et les différents degrés de sa perception, dans la lignée de Dick.

Felice Giarre, cobaye volontaire du procédé de voyage analogique, a ainsi pu explorer deux Terres parallèles, l’une désertique, seulement habitée par des sauvages anthropophages ; l’autre, au contraire, peuplée d’une vaste population intégrée à un modèle social qui semble idyllique. Mais les glissements qu’il subit entre ces trois mondes s’accompagnent d’une énigme sur son identité, ses origines, d’autant que l’ordinateur central de la Terre utopique le soupçonne d’avoir lui-même créé la planète désertique. Personnage qui subit les événements plutôt qu’il ne les domine, l’anti héros Giarre reçoit l’aide d’un couple d’immortels de la Terre idéale, bien décidés à faire la lumière sur cette anomalie, y compris en effectuant un voyage à rebours dans le temps. Les thèmes se conjuguent tout au long du roman pour en faire un condensé solide de la science-fiction, et si le style de Curval n’égale pas la brillance de celui de Jeury, il n’en possède pas moins une indéniable densité et un caractère très ouvragé. La société traditionnelle y est contestée, en particulier par sa critique du carcan familial dans le monde de départ ( ?) de Giarre, où l’eugénisme règne d’ailleurs en maître (jusqu’à avoir fait disparaître la révolte adolescente par chimiothérapie).

Mais le modèle utopique exposé est loin d’être parfait : si l’Etat a disparu, si chacun peut changer de métier autant de fois qu’il le souhaite et peut profiter de toutes les activités et loisirs possibles en échange d’une quantité limitée de travail, et si l’économie est rationalisée par la planification, il existe toujours des représentants, qui dirigent en concertation avec un ordinateur devenu tout puissant (on pense au Disque rayé de Ruellan, avec qui L’homme à rebours possède plusieurs points communs). Pire, la démographie est strictement contrôlée, et certains groupes de plus en plus nombreux manifestent des tendances religieuses mystiques réactionnaires, hostiles à l’égalité des droits entre humains et extra-terrestres. La nécessaire liberté passe ici par la destruction du joug de la machine. On glisse en conclusion vers le thème du surhomme, mais un surhomme qui semble toujours bien seul…

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