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En panne sèche

There will be oil

samedi 11 avril 2009, par von Bek

Andreas ESCHBACH (1959-)

Allemagne, 2007, Ausgebrannt

L’Atalante, 2009, 763 p., 25,50 €

ISBN : 978-2-84172-420-8

Cette fois les éditions L’Atalante ont pris de soin de ne pas publier ce nouvel Eschbach dans leur collection de SF, "La dentelle du cygne", sans doute pour éviter à certains, ceux qui n’avaient pas apprécié Jésus Vidéo à sa juste et très grande valeur, de nouvelles déceptions devant la légèreté science-fictive. En panne sèche est fort justement publié dans la collection "Insomniaques et ferroviaires". C’est particulièrement adapté pour ce pavé de près de 800 pages qui se dévore littéralement.

Markus Westermann rêve d’Amérique depuis longtemps [1]. Engagé pour une mission d’adaptation de la version germanique d’un logiciel de comptabilité fiscale, il entend bien profiter de l’aubaine pour se faire un trou outre-atlantique et faire fortune. En dépit d’efforts certains, cela ne se passe pas aussi bien que prévu, mais, au cours d’un congé, il fait la connaissance de Block, un Autrichien aux théories iconoclastes et à l’expérience pétrolière pour le moins développée : l’homme prétend que les réserves de pétroles sont loin de s’épuiser et qu’il est parfaitement capable de localiser de nouveaux gisements grâce à une méthode connue de lui seul. Seulement, il lui manque l’argent pour se lancer et c’est Westermann qui le lui apporte. Au grès d’évènements qu’il ne contrôle pas, Westermann se retrouve en panne sèche sur la voie de gauche d’une interstate sous une pluie battante qui le dissimule à la vue des automobilistes. L’accident ne peut manquer d’arriver. En panne sèche commence à cet instant où la vie de Westermann bascule un peu plus et que le principal terminal pétrolier explose, privant le monde d’une part non négligeable des ressources disponibles. Un engrenage s’amorce et une ère s’achève.

A proprement parler, il ne s’agit nullement ici de SF mais plutôt d’anticipation. Pendant les deux premiers tiers du roman, il s’agit même plutôt d’un thriller, genre pour lequel Eschbach fait preuve d’un certain talent déjà utilisé avec la science-fiction dans Jésus Vidéo. Le monde de l’après-pétrole relève en revanche clairement de notre genre de prédilection.

Andreas Eschbach a cependant le mérite de poser des questions intelligentes pas assez soulevées dans notre quotidien pourtant très investi par le développement durable et la quête d’énergies non fossiles : comment faire quand s’arrêtera l’abondance pétrolière ? Point d’autant plus sensible que le pétrole ne sert pas qu’à la production d’énergie et de carburant. Le plastique si fantastique pourrait bien devenir hors de prix.

Enfin, l’auteur se mêle aussi de politique en soulevant la question sensible que n’osent pas toujours poser les gouvernements des démocraties occidentales sur la nature du régime saoudien qui mêle autoritarisme politique (pour ne pas dire dictature) et extrêmisme religieux et réussit ainsi à créer des mécontents encore plus extrêmes au sein de sa propre population (cf. Oussama Ben Laden) et à dévier une partie de la haine qu’il suscite vers l’Occident qui le soutient malheureusement. Nous avons déjà commencé à payer la note politique de notre soif d’or noire. Espérons que nous aurons un jour la sagesse et les moyens de quitter la région avant de se trouver confronté à une addition trop salée.


[1Entendons nous bien quand on parle d’Amérique et de rêve, on parle d’Etats-Unis. De toute façon, je ne fais pas partie des adeptes de l’adjectif étatsunien.

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