Cette chère humanité

Philippe CURVAL (1929-2023)

France, 1976

Considéré comme un des classiques de Curval, entre L’homme à rebours et Le dormeur s’éveillera-t-il ?, Cette chère humanité décrit l’odyssée d’un habitant de l’Afrique sous développée pour pénétrer à l’intérieur d’une Communauté européenne (le Marcom) isolée du monde depuis qu’elle a fait le choix de s’entourer d’un champ de force censément infranchissable (« plus d’étrangers, plus de racisme » !). A l’intérieur, les anticipations y sont souvent pertinentes : la société, très informatisée (avec une « carte de crédit universelle »), est également placée sous surveillance policière, tandis que l’opinion a acquis un poids prédominant par le biais des sondages.

Aux côtés d’une nature fortement humanisée, les Européens, soumis au principe de précaution, ne connaissent plus d’évolution, leur société sans création étant bloquée sur un éternel présent passéiste. Rien d’étonnant donc à ce qu’un grand nombre cherche refuge dans le virtuel, tandis que des dissidents, rétifs aux centres de rééducation psychologique, vivent sur des autoroutes abandonnées. Parmi eux, les Nocturnes prônent une révolution afin de permettre à l’humanité de voyager dans l’espace. A défaut de révolution victorieuse, le groupe qui s’est constitué parviendra à retrouver la liberté hors du Marcom. Un roman en forme de fable, une démonstration de la capacité d’anticipation pertinente dont peut faire preuve la SF.