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Le feu de Dieu

samedi 2 mai 2009, par Maestro

Pierre BORDAGE (1955-)

France, 2009

Au Diable Vauvert, 504 pages.

ISBN : 978-2-84626-196-8

Le Feu de Dieu est le premier roman paru après le tragique accident ayant coûté la vie à l’épouse de Pierre Bordage, ce qui explique une dédicace aussi brève que poignante. Publié chez le même éditeur que la trilogie des Prophéties (L’évangile du serpent, L’ange de l’abîme et Les chemins de Damas), il se rapproche grandement de cette dernière de par un sujet inscrit dans la proche anticipation et une vision particulièrement sombre de l’avenir, qui voit Bordage s’essayer au roman apocalyptique, une veine plutôt bien illustrée par les auteurs français (pensons en particulier au Malevil de Robert Merle).

La civilisation subit en effet une profonde éclipse due à une série de catastrophes géologiques, séismes, éruptions volcaniques, sur lesquelles on ne nous donne que fort peu d’explications (la revanche de Gaïa sur les ravages écologiques du capitalisme ?). Dans ce monde en pleine chute, François-Xavier alias Franx, isolé sur Paris, s’efforce de rejoindre ses enfants et une épouse de plus en plus distante restés en plein Périgord. Accompagné de Surya, une jeune enfant muette mais qui semble dotée d’étranges pouvoirs de prémonitions, il doit faire face aux rigueurs d’un quasi hiver nucléaire, nouvelle glaciation décimant les rares survivants, et affronter surtout l’hostilité voire la haine de ses semblables. La disparition de la stabilité rassurante de la modernité entraîne en effet, sans surprise, l’émergence de pulsions ataviques, enfouies jusqu’alors sous le vernis civilisationnel, violence, égoïsme, une vision bien éloignée du darwinisme originel, qui insistait davantage sur l’évolution par la coopération humaine. Parallèlement à cette odyssée de Franx, son épouse Alice et leurs deux enfants, Théo et Zoé, restés dans l’abri, y subissent la domination de Jim.

On retrouve dans ce roman des préoccupations non dénuées d’ambiguïtés, proches de celles de La Fraternité du Panca, dans la mesure où Franx est un homme qui prévoit la fin du monde à partir de prédictions religieuses et mystiques, loin de toute rationalité solide, tout en déduisant de celles-ci la nécessité de constituer un abri communautaire vu comme une secte par les habitants du voisinage. Ecartant une vision matérialiste du réel, à qui il semble dénier toute possibilité de transcendance philosophique, l’auteur ne cache pas sa préférence pour un spiritualisme bien illustrée par ces embryons d’humanité supérieure que sont Surya et Théo, s’inscrivant dans une tradition très bien incarnée par Les enfants d’Icare d’Arthur C. Clarke. Sans être un sommet de l’œuvre de Bordage, ni un récit hautement original, Le Feu de Dieu n’en reste pas moins une lecture prenante et agréable, avec son lot de rebondissements et un message d’espoir tourné vers la générosité et l’ouverture à l’altérité, quand bien même le trait soit parfois un peu trop gros (ainsi de la suppression particulièrement tardive du tyran domestique).

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