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Le bouclier du temps

samedi 27 juin 2009, par von Bek

Poul ANDERSON (1926-2001)

Etats-Unis, 1990, The Shield of Time

Le Belial’, 2009, 512 p.

ISBN : 9782843440922

Presque vingt après sa première parution américaine, voici venir en France le dernier volume des aventures de Manse Everard le patrouilleur du temps. Annoncé comme un roman, il tient en fait plutôt du recueil de novellas, pourtant jamais publiées indépendamment, et dont il faut quand même dire que les liens qui les unissent - des séances de débriefing entre un enquêteur de la patrouille et Mance Everard ou Wanda Tamberly - sont plutôt ténus. En définitive, ce sont les rapports entre ces deux personnages qui constituent le fil rouge du "roman". Cela n’ôte aucun plaisir de lecture mais le livre y perd quand même un peu.

Après avoir sauvé Wanda Tamberly (cf. L’année de la rançon dans La rançon du temps puis déjoué le complot exaltationniste dans D’ivoire, de singes et de paon (cf. Le patrouilleur du temps), Everard doit encore capturer les derniers complices de Varagan. La patrouille monte donc un piège autour de la ville de Bactres [1] au IIIe siècle avant Jésus Christ alors que le Séleucides Antiochos III se prépare à assiéger la ville pour ramener la Bactriane dans le giron de son empire, seulement tout ne se passe pas tout à fait comme prévu.

C’est ensuite au tour de Wanda de connaître quelques déboires au cours de sa première mission dans l’Amérique du Nord du Paléolithique de la fin de l’ère glaciaire, des déboires comme ceux rencontrés par les patrouilleurs un peu trop investis dans leurs époques ou leurs sujets d’études. Un thème déja développé de manière bien plus magistrale et émouvante par Poul Anderson dans Le chagrin d’Odin le Goth [2].

Enfin les deux héros se trouve confrontés à une altération majeure de l’histoire qui précipite Wanda et un autre patrouilleur déjà rencontré dans La patrouille du temps dans un XXe siècle alternatif dans lequel l’Eglise catholique a pris le pas sur le pouvoir temporel. Pendant ce temps, Everard se débat pour déceler la cause de la divergence dans la Sicile normande du XIIe siècle après J.C.

Le bouclier du temps a donc des allures de synthèse en dépit de son épaisseur, la plus importante de cette intégrale publiée par le Bélial’. Poul Anderson revient en définitive sur les trois fils à partir desquels il a tissé les intrigues des récits de la patrouille : les complots pour changer le temps, les interactions des patrouilleurs avec les autochtones et les altérations de l’histoire. Rien de bien neuf en définitive mais ça se lit toujours aussi bien, voire même très bien. Poul Anderson se dévoile aussi beaucoup au fil des pages, ce que cerne Xavier Mauméjean dans une excellente postface qui conclut le cycle et dans laquelle l’écrivain français s’interroge sur la notion d’histoire chez l’auteur.

Dans une approche légèrement différente, il est bon de se demander ce que Poul Anderson a mis de lui-même dans Manse Everard. Le héros s’avère conservateur en ce qui concerne les arts, de mœurs assez libérés mais surtout droit dans ses bottes quant à l’appréciation du bien ou mal, conception partagée par un Danelien (p.482).

Le livre se referme non sans une certaine nostalgie partagée avec l’avant-propos du traducteur Jean-Daniel Brèque, et en espérant que les éditions du Bélial’ voudront bien donner suite à la publications des oeuvres de ce formidable conteur qu’était Poul Anderson.


[1Aujourd’hui Balkh dans le nord de l’Afghanistan.

[2cf. Le patrouilleur... op. cit.

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