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DRACULA 2001
mercredi 1er mai 2002, par
Patrick LUSSIER
États-Unis, 2000, Dracula 2000
Johnny Lee Miller, Justine Waddell, Christopher Plummer, Gerard Butler
Un Dracula de plus a-t-on entendu à la sortie de Dracula 2001 . Compte-t-on encore les films ayant le maudit Vlad l’empaleur pour personnage central ? Depuis ceux mettant en scène Peter Cushing (van Helsing) et Christopher Lee (Dracula) jusqu’au plus si récent Dracula de Coppola, il devient difficile de renouveler le genre, sauf à échapper au personnage pour se recentrer sur le mythe vampirique comme le fait Neil Jordan avec son Entretien avec un vampire, adaptation du roman éponyme d’Anne Rice. Avec un titre aussi peu recherché que le sien et qui réussit l’incroyable exploit d’apparaître encore plus stupide en français pour cause de sortie plus tardive, est-ce que Patrick Lussier apporte quelque-chose ou gâche de la pellicule ?
A Londres, une bande de cambrioleurs s’introduit dans le coffre-fort de Matthew van Helsing, petit-fils de l’adversaire de Dracula et antiquaire richissime, pour découvrir que le trésor de diamants et d’or tant attendu se révèle être un cercueil hermétiquement clos et défendu par de multiples chausse-trapes garnies de pieux pointus et de crucifix. Constatons d’emblée le manque d’éducation religieuse et de culture littéraire desdits cambrioleurs qui sont sans doute les seuls mortels de la planète à ne pas avoir entendu parler des vampires et à ne pas savoir qu’un pieu pointu sert à tuer les vampires. Évidemment, les survivants se sauvent avec l’encombrant cercueil qu’ils ouvrent bien plus tard dans l’avion qui les emmène aux Caïmans (les îles, paradis fiscal des requins et non pas les sauriens). Ayant vampirisé ses ravisseurs, Dracula se met en quête de Mary van Helsing, fille de son geôlier, que sa mère a éloignée à la Nouvelle-Orléans. Dans l’intervalle, Matthew van Helsing et son assistant, Simon Sheppard, ont débuté la quête.
A priori, rien de nouveau sous le soleil dans ce Dracula 2001 qui se présente comme un traditionnel film de vengeance. Les influences cinématographiques obligatoires en cette fin de vingtième siècle sont très sensibles et le spectateur, peu attiré par l’hémoglobine, les canines et les pieux (pointus et non pas douillets !) pourra remarquer successivement les références à Dracula (Coppola) dans la tendance vampirique à ramper au plafond ou à léviter telle Foudre bénie, l’influence d’Entretien avec un vampire dans le choix de la Nouvelle-Orléans comme cadre, et l’esprit un peu trop envahissant de Matrix, dans les combats empreints d’arts martiaux et de ralentis. Personne ne pourra manquer de remarquer l’encore plus envahissant sponsoring de Virgin dont le logo apparaît à tout bout de champ, y compris, c’est un comble, dans le Virgin Megastore de la Nouvelle-Orléans. Après quoi, les spectateurs pourront aller eux aussi se mettre au pieu et ceux qui se préparent à voir le film sont vivement invités à cesser leur lecture et à cliquer sur un lien ci-dessus.
Et pourtant, quelques éléments rendent le film du monteur de Wes Craven regardable (n’allons pas jusqu’à parler de génie). Les moyens techniques et financiers sont suffisants pour lui éviter le ridicule propre à nombre de séries B. Surtout quelques libertés prises par rapport au mythe éclairent le sujet sous un jour intéressant. D’abord, première révélation, van Helsing vieillit au ralenti en s’injectant du sang du vampire par l’intermédiaire de sangsues (beurk !). En un sens, il est aussi un vampire mais son but est de découvrir un moyen de tuer définitivement Dracula. Seul problème, il transmet à sa fille ce sang maudit et putride, ce qui explique d’une part, le traumatisme de sa femme et son départ avec l’enfant, d’autre part l’attraction exercée sur Dracula par Mary.
La véritable innovation réside dans les origines de Dracula, plus séduisante que la genèse égyptienne inventée par Anne Rice. Aux oubliettes, la malédiction de Vlad l’empaleur, il fallait trouver une explication à cette haine de la religion chrétienne et cette peur de Dracula envers les pieux et l’argent, tout conservant l’idée d’une malédiction. Sans doute l’influence du mythe du juif errant fut-elle décisive car Dracula ne serait autre que Judas Iscariote, le traître dont le baiser a scellé le destin du Christ et l’a condamné à être cloué par des pieux à une croix et ce pour la modique somme de 30 deniers d’argent. Reconnaissons-le, la thèse est originale et séduisante et elle permet d’éviter le satanisme kitsch fréquent dans la saga draculesque. Rien que pour cela, Dracula 2001 méritait d’être au moins regardé une fois (juste une, pas besoin d’une autre, c’est un voeu pieu !).