Dans les décors truqués

Jean-Pierre ANDREVON (1937-)

France, 1979

Denoël, coll. "Présence du futur"

Sorti dans la même période que les Compagnons en terre étrangère, ce recueil rassemble cinq nouvelles écrites durant les années 70. « Dans un verre d’eau » se rattache plutôt au fantastique, dans la mesure où son protagoniste, un jeune garçon fragile et timide, passe les différentes étapes de sa vie avec beaucoup de fluidité, et en versant régulièrement dans une réalité autre, mystérieuse, jusqu’à boucler la boucle… On devine derrière ce tableau le conformisme social et la tristesse d’une vie comme les autres.

« Les retombées » explore le thème de l’explosion nucléaire, mais sur un mode essentiellement atmosphérique : le principal personnage du récit, victime d’une explosion inexpliquée, est ensuite récupéré par l’armée qui installe un camp aux allures inquiétantes pour ces nouveaux réfugiés. Mais aucune explication ne sera donnée, on demeurera dans l’opacité, à l’image de la chape de plomb autoritaire et militariste que ce texte véhicule. « Le jeu de la guerre » est une autre variation, assez mineure, sur un des sujets de détestation favoris d’Andrevon, la chose militaire, où l’on retrouve son goût des descriptions sanglantes et de la bêtise ordinaire.

« Régression », derrière lequel on devine un hommage au Barjavel du Voyageur imprudent, suit la remontée temporelle d’une petite famille isolée dans sa maison, et qui fuit l’année 1940 pour plonger de plus en plus profondément dans la Préhistoire, jusqu’à régresser pour marquer un nouveau départ… Enfin, « Le temps du météore » dépeint la rencontre entre une entité extra-terrestre et la communauté de vie d’un petit village français, ruralité habituelle qui fascine tant l’auteur, avec une morale saisissante : l’indifférence quasi-totale de ces humains lambda pour le contact avec une altérité cosmique, une autre façon de dire que tout se joue d’abord sur Terre…