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Le carnaval de fer

samedi 11 juillet 2009, par Maestro

Serge BRUSSOLO (1951-)

France, 1983

Denoël, coll. "Présence du futur", 184 p.

Le carnaval de fer est, parmi les premiers romans de Brussolo en SF, un des plus brillants. Non content d’accumuler les visions aussi fortes que saisissantes, l’auteur s’y montre l’égal d’un Silverberg en terre française.
Comme souvent, le monde terrestre qui est décrit demeure flou, aussi bien spatialement que temporellement. Tout au plus saura-t-on qu’une guerre mondiale a eu lieu, ramenant en arrière l’ensemble de l’humanité. David, un vieillard qui a passé près de vingt-cinq ans dans un abri anti atomique, collationnant ses collections quasi maladives -un thème que Brussolo réutilisera dans Procédure d’évacuation immédiate des musées fantômes-, ne souhaite qu’une chose : retrouver ses années de jeunesse perdues. Il investit donc toutes ses économies dans un voyage vers la Cité des oracles, pour une consultation avec une madone de jouvence, des créatures dont la sueur fiévreuse a pouvoir de rajeunir ceux qui sont en contact avec elle. Sur place, après être revenu à ses trente ans, David se retrouve pris dans une prophétie séculaire et embarqué par Sirce dans un voyage initiatique ayant un seul but : retrouver la mythique destination d’Homakaïdo, terminus d’un ancien pèlerinage dont toutes les traces ont été supprimées par une confrérie occulte, les maîtres de la parole. Le duo ainsi formé va en particulier faire escale dans la Cité des fêtes, métropole où les réjouissances sont perpétuelles, accumuler les indices tout en s’efforçant d’échapper à divers adversaires.

L’imagination fertile de Brussolo s’en donne à cœur joie, entre les phases de pétrification des objets de la Cité des oracles, les cours d’eau et les mers où l’eau a été remplacée par des nains, les poissons feux d’artifices (cousins des oiseaux du Sommeil de sang), les fillettes pêcheuses de verrues naines perles, ou les humains devenus mondes naturels, homme ruche ou homme arbre… Le corps est bien sûr toujours au cœur de l’intrigue, corps d’enfant à la fausse innocence, de vieillard où la mémoire coule par tous les pores, corps difforme ou en butte aux multiples agressions de la Cité des fêtes. Par delà, on sent tout ce que Le carnaval de fer entretient comme proximité avec des romans comme Le livre des crânes ou Les royaumes du mur de Robert Silverberg, avec la rationalisation et la déconstruction des mythes ; Brussolo semblant toujours dévoiler la face sombre de la réalité, la destruction et la mort gratuite derrière les réjouissances hypocrites, ou l’industrialisation aveugle derrière la science…

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