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Nova Roma
samedi 27 juin 2009, par
Gwen GARNIER-DUGUY et Matthieu BAUMIER
France, 2009
Black Coat Press, coll. "Rivière blanche", 228 p.
ISBN : 978-1-934543-77-1
On sait tout ce que le space opera de l’ère classique, celle de la SF étatsunienne, doit à l’Antiquité, et tout particulièrement à la civilisation romaine. Avec Nova Roma, l’influence est plus que clairement assumée, puisque cette uchronie qui prolonge d’une certaine manière le Roma Aeterna de Silverberg se situe à une époque indéterminée dans l’avenir, à un moment où l’empire s’est largement étendu dans l’espace. Pas de précisions détaillées sur la divergence originelle (probablement une plus grande résistance aux assauts des peuples barbares), ni sur l’histoire alternative qui en a résulté, en dehors de quelques clins d’œil cocasses (Gibbon, auteur de SF, par exemple). Une annexe proposant une chronologie indicative aurait été un plus précieux.
Ce qui intéresse avant tout le duo d’auteurs, c’est l’action, et de ce point de vue, le lecteur a de quoi être satisfait. Les personnages principaux, le chasseur de primes et homme à femmes Bill Pozzuo, Catilina, maîtresse du frère de l’empereur et chef de sa police secrète, Julia Concini, membre d’une mystérieuse Fraternité, se retrouvent en effet au cœur d’une crise majeure que doit affronter l’empire. Certes, à première vue, on pourrait penser que bien des aspects de la Rome antique sont simplement actualisés : l’esclavage est toujours pratiqué, le Colisée continue d’accueillir des gladiateurs, les chrétiens sont remplacés par les féministes… Une vision rétro futuriste qui n’a d’ailleurs rien de désagréable, au contraire.
Toutefois, les touches plus novatrices se dévoilent peu à peu. Au-delà de l’aspect clairement référentiel des premières pages (hommage assumé à Starship Troopers, directement nommé… mais pas en latin, ce qui est d’autant plus curieux qu’on peut douter de l’essor d’une langue anglaise automatiquement marginalisée), on apprécie ainsi la dimension totalitaire de l’empire galactique, la cité de tous les vices qu’est cette nouvelle Babylone (excellente trouvaille que ces clones de Marilyn Monroe servant de prostitués populaires), ou ces intelligences artificielles implantées sous forme de tatouages holographiques qui accompagnent certains acteurs du drame. Le mystère demeure néanmoins autour de la Terre originelle, et la fin de l’intrigue, pour le moins déroutante, laisse espérer plus de précisions dans la suite prévue d’un roman finalement prenant.