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Dans les mondes barbares

samedi 29 août 2009, par Maestro

Julia VERLANGER

France, 1977-1979

Bragelonne, collection "Les Trésors de la SF", 576 p., 2009.

Dans les mondes barbares est le troisième tome de l’intégrale des romans de Julia Verlanger, alias Héliane Taïeb, centrée depuis le début principalement sur ses romans parus au Fleuve noir dans la seconde moitié des années 70. Ce qui lie les quatre récits ici rassemblés, c’est qu’ils se déroulent tous sur des planètes quelque peu arriérées, héritières d’une colonisation déjà fort ancienne, sur lesquelles des Terriens s’aventurent, soit pour y mener un trafic répréhensible (La Croix des décastés), soit pour y accomplir une mission secrète (Les Voies d’Almagiel), soit pour échapper à la vindicte des autochtones (L’Ange aux ailes de lumière) ; seul le dernier récit échappe à ce schéma, l’unique Terrien par alliance n’intervenant brièvement qu’à la toute fin de l’histoire (D’un lieu lointain nommé Soltrois). A travers tous ces récits, c’est le besoin de survivre qui fait office de fil rouge. Surtout, on retrouve les caractéristiques récurrentes des personnages masculins de Verlanger : une soif irrépressible de liberté, une virilité jamais prise en défaut, et l’amitié érigée en valeur cardinale.

La Croix des décastés se déroule sur Absalon, et l’on y suit le calvaire de Jalen, un ancien membre de la caste des guerriers déchu pour de sombres raisons sexuelles. Ayant noué des liens d’amitié avec Ragger, ancien trapéziste également condamné à mort, il va mener une vie de fuite, devenant tour à tour pirate ou artiste, au cours de laquelle les moments de répits ne durent jamais bien longtemps, les deux hommes étant poursuivis par la vindicte d’un mystérieux magicien blond. Un peu trop linéaire, ce roman possède un final plus épicé.

Avec Les Voies d’Almagiel, on se retrouve dans un contexte décalqué de la réalité géopolitique d’alors. Almagiel, monde sous développé, est en effet courtisé à la fois par la Fédération terrienne libérale (comprenez les Etats-Unis et leur bloc) et par l’Union planétaire (entendez l’URSS et les autres pays du « socialisme réel »). Jatred, un fils gagé par son père auprès d’un mastre, se retrouve finalement à devoir assister un agent secret de la Terre dans le dessein de faire pencher Almagiel du côté de la Fédération ; d’autant que son sous-sol, à l’instar de l’Afrique, recèle une précieuse ressource…

Dans L’Ange aux ailes de lumière, un jeune attaché d’ambassade sur la planète Malvie se retrouve isolé après le meurtre de ses semblables par des fanatiques religieux. Il doit alors s’efforcer de trouver son chemin au sein de ce monde médiéval, mais si les rebondissements sont au rendez-vous, l’idée de cet ange du titre, intéressante, n’est malheureusement pas aussi bien exploitée que pour Les Portes sans retour (in Récits de la Grande Explosion), avec un détour un peu long par le fief d’un baron cruel. On retiendra davantage l’idée d’une descente progressive vers la barbarie de la part du personnage principal, reflet de ce qu’ont connu toutes ces planètes, ainsi que sa confrontation avec une espèce supérieure.

Enfin, D’un lieu lointain nommé Soltrois, sis sur la planète Provence, s’intéresse au sort de Jellal, fils d’un seigneur et d’une esclave, et à ses efforts pour sauvegarder ses droits légitimes face à des jalousies mesquines et à des conflits civils sanglants. Mais la composante la plus réussie de cette histoire est sans nul doute cette race extra-terrestre végétale, avec qui Jellal noue des relations intimes. Une ode au dialogue envers l’autre qui séduit par sa dimension touchante.

Au passage, les solutions les plus radicales sont nettement condamnées (mise dos à dos des deux camps de la guerre civile dans Les voies d’Almagiel et D’un lieu lointain nommé Soltrois) au profit de changements graduels, quand bien même Verlanger réprime le racisme ou la hiérarchie héréditaire qui ne serait pas basée sur le mérite de chacun. Roland Wagner signe pour conclure une postface dans laquelle il retrace surtout une partie de l’historique et du fonctionnement du Fleuve noir. Un recueil d’une lecture toujours agréable, dont on retiendra davantage les deux derniers titres.

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