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Les compagnons de l’ombre - 4

samedi 22 août 2009, par Maestro

Jean-Marc LOFFICIER (1954-)

France, 2009

Black Coat Press, collection "Rivière blanche", 304 p.

ISBN : 978-1-934543-85-3

Agence matrimoniale de l’étrange, l’officine des Compagnons de l’ombre poursuit ses efforts de résurrection de tout un patrimoine des littératures populaires compris principalement entre les milieux du XIXème et du XXème siècles : des personnages plus ou moins légendaires, dans la lignée desquels les super héros et super vilains étatsuniens sauront s’inscrire.

Ce quatrième volet se compose de treize nouvelles, toutes traduites des tomes de la série mère, née outre Atlantique. Il convient également d’y ajouter les illustrations de Michelle Bigot, composant un « Tarot des ombres ». Certains des auteurs s’efforcent de combler des manques dans l’existence de figures prestigieuses. C’est le cas de Alfredo Castelli dans « Vive Fantômas ! », consacré aux origines du criminel, mais dont la galerie de rôles manque toutefois de naturel. « Le Gambit du traître » de Bill Cunningham, traversé par la figure d’Harry Dickson, a beau proposer une enquête policière plutôt sympathique, il nous laisse quelque peu sur notre faim avec ce musée des horreurs secret… Il en est de même avec David McIntee, dont l’histoire de meurtres en Inde sur fond d’hommes léopards et d’adorateurs de Kali manque nettement d’ampleur, ainsi qu’avec l’affaire de vol assez basique de John Peel dans « Un échec fortuit ». On savourera davantage « La Chose d’un Ancien Monde » signée Xavier Mauméjean, nouvelle bien maîtrisée, pourvu de clins d’œil humoristiques, qui explore les origines des chasses du Comte Zaroff. Autre texte parmi les meilleurs, et assurément le plus original du recueil, celui de Chris Roberson : « Le singe célèbre » est une émouvante et tragique prolongation des histoires enfantines de Babar, victime avec sa famille d’une révolution ; on y devine entre autre la critique de ces révolutions pseudo communistes ayant touché l’Afrique, avec l’apport de Wells et d’Orwell.

La palme des croisements revient cependant à Jess Nevins qui, dans « Tel est pris… », retrace la folle équipée de tous les plus grands cambrioleurs à la poursuite d’une pierre précieuse, déployant une belle dose d’humour ! Au rayon des textes les plus fantastiques, « Les enfants de la nuit » imagine la rencontre entre Irma Vep et Nosferatu, pour un résultat fort plaisant. « Le Mal tapi au cœur des hommes » est également une belle histoire, mettant en scène Sâr Dubnotal, l’Ombre et la Ligeia d’Edgar Allan Poe. Mais dans ce registre, ma préférence va à « Le Protopithèque géant », de Micah Harris, sorte de préquelle au Voyage au centre de la Terre de Verne, mâtiné de Monde perdu, et corsée d’une intrusion cinématographique bienvenue : un très bon récit. « Le Capitaine Futur et le Péril Lunaire » laisse un peu plus dubitatif, le croisement entre Le voyageur imprudent de Barjavel et les space opera d’antan, avec la figure du Capitaine Futur (Capitaine Flam en France), peinant à imposer sa crédibilité. On lui préfèrera le nettement plus court « Les bêtes féroces », de Gick, centré sur le personnage du Docteur Oméga, que l’on retrouve d’ailleurs dans « Les yeux du temps », autre sympathique histoire (voir à ce sujet la récente réédition par Rivière blanche du roman Docteur Oméga d’Arnould Galopin).

Plusieurs niveaux de lecture sont donc proposés, celui des fins gourmets, amateurs de ces anciens romans feuilletons, mais également celui des béotiens (dont je suis pour l’essentiel !) ou plus généralement des amateurs de steampunk, qui pourront trouver là matière à se replonger dans tout un pan fameux de littérature.

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