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L’option Excalibur
samedi 11 juin 2011, par
David WEBER (1952-)
Etats-Unis, 2002, The Excalibur Alternative
L’Atalante, 2011, 380 p.
ISBN : 978-2-84172-535-9
La rencontre entre des extra-terrestres et des moyenâgeux n’est pas une grande innovation dans la SF, elle peut même avoir des issues très variées : Poul Anderson faisait prendre d’assaut un vaisseau spatial en 1960, inaugurant Les croisés du cosmos, tandis que Pierre Barbet soutenait une croisade templière avec des armes extraterrestres en 1972 (L’empire du Baphomet). Alors qu’est-ce que David Werber, ponte de la SF militaire, allait pouvoir bien apporter ?
En 1346, George Wincaster, baron de Wickworth, accompagne son beau-père pour participer à la guerre du roi Edward III en France. La flotte qui transporte leurs troupes est prise dans une tempête au large des Sorlingues. Alors que Wincaster attend que son navire coule à son tour, après de nombreux autres, un vaisseau spatial gigantesque arrache les bateaux survivants aux flots. Une opération qui n’a du sauvetage que l’apparence puisque le commandant du vaisseau contraint les Anglais à servir par les armes la guilde de commerce galactique qu’il représente en les menaçant de mort, eux, et les quelques proches qui accompagnent l’expédition, dont l’épouse et le fils de Wincaster. Confrontés à une technologie qui les dépassent complétement, les soldats n’ont plus qu’à s’incliner et doivent contraindre par le fer de leurs épées et les flèches de leurs arcs gallois les populations primitives de planètes à négocier des accords commerciaux avec la guilde. De nombreuses questions ne manquent pas de se poser cependant dans l’esprit de Wincaster et des siens.
L’option Excalibur est un roman plus ambitieux que ne le laisse paraître le ressort du récit : il ne s’agit pas d’un prétexte pour inventer et décrire de multiples batailles. David Weber ne met réellement en scène que les combats de la première planète sur laquelle les Anglais opèrent, et procède ensuite par ellipse narrative, ne faisant référence qu’aux évènements utiles pour le récit ensuite. Pas trop long (380 pages), le livre s’appuie sur un contexte compliqué dont il a fallu expliciter l’essentiel de la trame parce qu’elle sert au dénouement final. Néanmoins, les cinquante dernières pages ne tiennent pas la route et baignent dans une euphorie agaçante, essentiellement parce que l’ellipse narrative séparant la révolte des Anglais de la conclusion du livre, repose sur des raisons un peu faciles.
Par conséquent, c’est un roman verbeux. L’auteur prend longuement le temps de suivre les pensées et les remarques de Wincaster, insiste lourdement sur la faible appréciation entretenue par le représentant de la guilde envers ceux qu’il qualifie de primitifs, le tout au risque de se répéter. Il semble plus important au père d’Honor Harrington de reconstruire la progressive appréhension par son héros de son nouvel univers, et pour cela il lui a fallu prêter à ses Anglais médiévaux davantage de souplesse d’esprit qu’il ne leur en a jamais été concédée dans de nombreuses études. Il se fend aussi de quelques mots de vocabulaire tombés en désuétude comme le guerdon ou immarcescible.
C’est un livre qui se prend donc relativement au sérieux compte tenu de son point de départ et à la différence des Croisés du cosmos. Il ressemble beaucoup à ce dernier car il emprunte exactement les même raisonnements tels que la motivation de défendre la Terre ou l’extra-terrestre incapable de prévoir les actes d’une civilisation technologiquement beaucoup moins avancée que la sienne. Il imagine aussi la remise en contact de ces enfants perdus de la Terre avec la planète-mère, mais pas pour en tirer une quelconque ironie. David Weber réunit des idées déjà utilisées par d’autres ou qu’il réutilisera, lui, plus tard, telles que celle de la civilisation cachée destinée à sauver l’humanité (Cap sur l’Armageddon, 2007) : on pense bien sûr à la Fondation d’Asimov. L’auteur, sans doute conscient de la pertinence de certaines idées (le développement ultra-rapide de son Avalon notamment), n’a sans doute pas voulu développer son récit sur une plus grande longueur et c’est heureux.