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Ce qui mordrait le ciel...
samedi 31 octobre 2009, par
Serge BRUSSOLO (1951-)
France, 1984
Gallimard, coll. "Folio SF", 2003., 224 p.
ISBN : 2-07-042978-4
Si Les lutteurs immobiles demeurait en deçà du potentiel dont il est capable, Ce qui mordait le ciel... propose un Brussolo au meilleur de sa forme, quand bien même il se plie à une narration linéaire, où les épreuves se succèdent les unes aux autres en un parcours initiatique finalement assez classique.
David est un employé d’une agence interplanétaire de pompes funèbres, dont le métier d’inspecteur des sépultures l’ennuie. Tout bascule le jour où son supérieur hiérarchique lui confie une mission surprenante : aller voir sur une planète en développement les conséquences d’une erreur funeste de la compagnie. Celle-ci avait en effet conçu un mode de préservation des cadavres de moines guerriers s’activant à leur mort, et consistant en un sarcophage indestructible de quartz. Le hic, c’est qu’une cargaison des micro-organismes véhicules du phénomène a été prise pour un vaccin, et injectée en doses massives à des pachydermes importés sur la planète Sumar. En se rendant sur place, David découvre que la mort d’un seul de ces mastodontes engendre une véritable montagne de cristal, la planète entière risquant à terme d’être recouverte. Surtout, pris en charge par Thessa, une autochtone, il va découvrir les modes de vie de plusieurs groupes de population dont la vie gravite autour de ces pyramides : cité soumise à intervalle régulier à des poussées de chaleur engendrées par le prisme du quartz (évoquant la nouvelle « Soleil de soufre » dans Vue en coupe d’une ville malade) ; populations de funambules vivant sur un gigantesque filet au sommet des pics de verre ; canonniers acharnés à la destruction des montagnes en visant les arc en ciels, au risque de se détruire eux-mêmes…
Outre la profusion de visions dantesques dont est capable Brussolo, entre autre avec ces modes multiples de rites funéraires exposés au début du roman, on le découvre sous son angle le plus poétique, quasiment surréaliste. Mais derrière ces descriptions hallucinées, ne faut-il pas voir la métaphore d’un Tiers monde enfoncé par l’Occident, le ravage des fanatismes religieux et de leur conservatisme à outrance (à travers les populations « immobilistes »), même sous la couverture de la science, ainsi des séismophiles et de leur cité de caoutchouc ?