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THIRST, CECI EST MON SANG

Je ne sais pas si vous avez remarqué Thérèse, mais il y a une espèce de deuxième couche à l’intérieur !

samedi 17 octobre 2009, par von Bek

PARK Chon-Wook (1963-)

Corée du Sud, 2009, 박쥐

Kang-ho Song, Ok-vin Kim, Hae-sook Kim

Quand le générique de Thirst évoque l’inspiration fournie par Thérèse Raquin, il est plutôt modeste. En fait c’est carrément une adaptation du roman d’Emile Zola à laquelle s’est adonné Chon-Wook Park non sans y ajouter des éléments très personnels !

Thérèse Raquin, c’est l’histoire d’une jeune femme qui est élevée dans une famille dont elle finit par épouser le fils et par tenir la mercerie en compagnie de sa belle-mère. L’ennui quotidien est brisé quand elle rencontre un homme au charme plus magnétique dont elle devient la maîtresse. Ensemble les amants se débarrassent du mari au cours d’une promenade en barque, mais hantés par le remords et encombrés par la belle-mère paralysée, ne parviennent pas à profiter de leur bonheur et finissent par se suicider. Thirst, ceci est mon sang raconte scrupuleusement tout ceci mais aborde l’histoire par l’angle de l’amant et non celui de la jeune femme.

Ce que le réalisateur du génial Old Boy, toujours autant travaillé par la culpabilité inhérente au christianisme, ajoute c’est la dimension religieuse. Sang-hyeon [1] est un jeune prêtre travaillé par sa conscience qui participe à un programme de recherche contre un virus (baptisé Emmanuel) au cours duquel il contracte la maladie mais évite la mort à la suite d’une transfusion. Tout le monde crie au miracle mais lui ne tarde pas à découvrir que le sang qui lui a été transfusé a fait de lui un vampire et qu’il a donc besoin de sang frais régulièrement. Bien décidé à s’alimenter sans faire de victime dans un premier temps, sa vie bascule lorsqu’il rencontre Tae-ju, l’épouse d’un ami d’enfance, et découvre ainsi la concupiscence et le plaisir des sens.

En définitive on peut se demander ce qu’apporte les innovations de Park au roman de Zola, si ce n’est une rivière d’hémoglobine et la dénonciation de l’ascétisme et de la morale judéo-chrétiens. La production ou les diffuseurs français se sont cru obligés d’accoler un stupide et de mauvais goût "ceci est mon sang" au titre qui évoque davantage la soif de plaisir que le mystère de l’eucharistie. A noter que le personnage de Tae-ju apparaît bel et bien comme la cause de la chute du père Sang-hyeon selon une vision très chrétienne de la nature féminine qui aura échappé à Zola.

Rien de mystique la-dedans mais un film fantastique qui traîne en longueur durant lequel il ne faut pas être trop écoeuré par le sang pour tenir la distance.


[1Je ne sais pas si Park parle le français mais choisir un tel nom pour un film de vampire, c’est au mieux un hasard au pire du mauvais goût !

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