La parcelle « Z »

Jacques SPITZ (1896-1963)

France, 1942

Jean Vigneau, coll. « Les romans fantastiques », 224 p.

Sorti un an avant Les signaux du soleil, La parcelle « Z » apparaît comme plus secondaire que ce dernier, tant à l’instar du Maurice Renard géniteur du Maître de la lumière, Spitz n’exploite pas tout le potentiel de sa fiction.

A Paris, Desmaisons, un scientifique associé aux travaux de Blandin, véritable génie de l’électricité, est sur le point de se marier. Son patron lui confie alors la mission de surveiller, pour le compte de la police, les déplacements de trois individus dont il ignore l’identité. Blandin a en effet mis au point, avant le téléphone portable et le GPS, un moyen biologique de pister les déplacements d’un être humain, à partir d’une simple cellule de son organisme maintenue artificiellement en vie. Mais Desmaisons, plus âgé que son épouse, et contraint de passer de longues heures loin d’elle en raison de son travail, est peu à peu pris par le virus de la jalousie. Imaginant toutes sortes de scénarii, il finit par pister sa propre femme (la fameuse parcelle « Z », c’est elle) jusqu’à commettre l’irréparable. On retrouve bien sûr dans ce roman le goût de l’auteur pour les romances tragiques, ainsi que son pessimisme misanthrope . Mais l’intrigue devient nettement plus profonde, moins prévisible, lorsque Desmaisons et Blandin s’interrogent sur la nature de la parcelle une fois son corps d’origine décédé : une âme subsiste-t-elle, ou la vie que celle-ci manifeste encore n’est-elle que la résultante des pensées de vivants la concernant ?

C’est là toute la frontière entre fantastique et SF, le dénouement faisant pencher clairement la balance en faveur du premier terme. La science, qui participe de l’embrasement mondial alors en cours, est par là pleinement sujette au doute.