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DANGER, PLANETE INCONNUE

samedi 6 février 2010, par von Bek

Robert PARRISH (1916-1995)

Grande-Bretagne, 1969, Doppelgänger

Roy Thinnes, Ian Hendry, Patrcik Wymark, Loni von Friedl, Lynn Loring

Sans en avoir l’air, ce film de SF britannique se monte intéressant sur plus d’un point.

Ainsi, contrairement à ce que pourrait laisser croire le pré-générique plutôt digne d’un film d’espionnage à la James Bond, l’action en moins, son scénario repose sur la découverte par l’agence spatiale européenne EUROSEC de l’existence d’une planète dans le système solaire ayant échappé jusque là à l’humanité parce qu’elle est située sur la même orbite que la Terre mais lui est diamétralement opposée, le soleil dérobant ainsi les deux astres à la vue l’un de l’autre. Non sans mal, EUROSEC organise au plus vite une expédition composée de l’astronaute américain Glenn Ross (Roy Thinnes) et du scientifique John Kane. Au terme d’un voyage de trois semaines passées en sommeil artificiel, les deux hommes arrivent en orbite et, découvrant que les caractères physiques sont rigoureusement les mêmes que celles de la Terre, se décident à atterrir avec la navette d’exploration. Malheureusement, c’est le crash et ils ne doivent la vie, à la plus grande stupeur du colonel Ross, qu’au sauvetage spatial mongol qui remet les naufragés à EUROSEC, dont le directeur Jason Webb est bien étonné de les voir revenus au bout de trois semaines et ordonne une enquête sur les raisons de leur demi-tour. Alors que John Kane est dans un état critique, Ross subit interrogatoire sur interrogatoire, acceptant même de se soumettre au sérum de vérité, dans l’espoir sans doute de trouver réponse à ses propres questions. La vérité sortira d’un miroir dans lequel l’astronaute lit l’étiquette d’un flacon d’eau de Cologne alors que, réalise-t-il, tout est écrit à l’envers. Une hypothèse émerge que lui et Webb tentent de démontrer : l’expédition a échoué sur une planète exact reflet dans le miroir de la Terre et dont est partie une expédition symétrique à la leur qui a, elle, échoué, là d’où ils viennent !

Voilà assurément une intrigue innovante qui échappe aux classiques rencontres avec des extra-terrestres ou aux explorations en scaphandres qui se veulent plus réalistes. Pour nourrir cette idée, qui a des allures de scénario de la Quatrième dimension, les scénaristes ont su mettre en place quelques petits détails afin de bâtir l’intrigue comme les relations du couple Ross. Malheureusement, ils se font prendre à leur propre piège puisque la logique de l’inversion n’est pas poussée jusqu’au bout : ainsi, s’ils écrivent à l’envers, les habitants de cette Terre ne parlent pas à l’envers, ce qui permet à Ross de communiquer et de se croire rentré mais n’est assurément pas logique du tout. Il y a quand même une réelle volonté de projection futuriste en plaçant de nombreux gadgets, comme une montre faisant office d’électrocardiogramme ou une voiture au design très aérodynamique, et même un panorama aperçu au travers d’une fenêtre dont le but évident est de détacher le film de son époque de réalisation.

Par ailleurs Danger, planète inconnue échappe au schéma des films de série B du genre : aucun danger planétaire ne plane et le héros n’est pas une bête de virilité. Surtout, le film revêt un certain cynisme, notamment dans la manière dont Jason Webb obtient le financement de la mission, plus réaliste que l’idéalisme internationaliste d’un Danger vient de l’espace, plus ancien il est vrai. Qui plus est le film se finit mal, chose rare. Notons au passage que le cinéma britannique fait preuve ici d’un certain euroscepticisme que l’on pourrait traduire comme une critique de la CEE à l’entrée de laquelle la Grande-Bretagne postule alors qu’un accord rendu possible par le départ du pouvoir de de Gaulle est signé en 1970. Jason Webb a une réplique qui rappelle la métaphore de Churchill sur le choix anglais entre l’Europe et le grand large. Webb obtient d’ailleurs le financement en menant les Américains par le bout du nez.

Enfin, à la production de Danger, planète inconnue il y a le couple Anderson, les créateurs des Sentinelles de l’air, qui réutilisent quelques trucs de leurs série de marionnettes pour tout ce qui concerne les fusées, vaisseaux et avions. C’est particulièrement visible pour le vol transatlantique emprunté par Glenn Ross et sa femme : le coup de la cabine des passagers que l’on détache du fuselage pour l’amener directement à l’aéroport est typique des Sentinelles de l’air ! Le problème est que ces trucs ne cadrent pas bien avec des acteurs réels qui pour le coup ne peuvent pas être montrés à côté des engins...

Difficile donc de qualifier de déjà vu un tel film. Il est d’autant plus regrettable que l’idée principale n’en soit pas davantage exploitée car cela le ramène pour le scénario au rang d’un épisode de série. Il est pourtant largement au-dessus de la moyenne de la SF européenne des années 60 !

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