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LE DERNIER COMBAT

Le bon, la brute et le docteur... mais personne ne creuse !

samedi 3 avril 2010, par von Bek

Luc BESSON (1959-)

France, 1983

Pierre Jolivet, Jean Bouise, Jean Reno

Deuxième film mais premier long métrage réalisé par Luc Besson, Le dernier combat développe le film précédent, L’avant-dernier. Il concrétise d’une part la formation autour du réalisateur d’une équipe stable qui se retrouve ponctuellement au moins jusqu’à Léon (1994) et engrange quelques succès, avec Jean Reno et Jean Bouise devant la caméra et Eric Serra à la musique. D’autre part, le film constitue la deuxième étape de la collaboration entre Luc Besson et Pierre Jolivet, co-auteurs du scénario. L’influence respective de deux jeunes du cinéma français est patente.

Ainsi l’histoire doit-elle sans doute beaucoup à Pierre Jolivet. Dans un avenir semble-t-il pas très lointain, la civilisation s’est effondrée laissant place à un monde de ruines et une terre désertique. Dans un immeuble de verre qui émerge des sables, un homme - l’homme - (Pierre Jolivet) réunit patiemment, parfois au prix du pillage nuitamment d’un groupe de survivants, les pièces pour un U.L.M.. Dans un autre endroit, une brute (Jean Reno) obstinée tente de pénétrer dans le bâtiment où s’est cloîtré un moustachu (Jean Bouise). Lorsque l’homme arrive dans ces ruines indéterminées sa rencontre violente avec la brute manque de lui coûter et la vie et, ironie, lui permet de pénétrer dans la forteresse du solitaire moustachu, un docteur. Les deux solitaires prennent goût à la vie commune et le docteur révèle à l’homme son secret : dans un recoin de la forteresse vit une femme à laquelle le docteur porte amoureusement son repas. Si au début, le docteur mène l’homme les yeux bandés jusqu’à la cache, il se résout ensuite à lui montrer le chemin mais la brute est entrée dans le repaire.

Le dernier combat est à la fois un film riche et frustrant. Riche par ses références et les thèmes abordés, les hommages qu’il multiplie, frustrant par la sobriété de sa forme et par les aspects qu’il laisse de côté par choix des auteurs ou impératifs financiers. L’habileté de Besson et Jolivet repose en partie sur leur capacité à conjuguer ces deux paramètres : l’utilisation de friches urbaines et de carrières comme décor, un vieux truc des films de SF à petit budget, sert bien le sujet, tout comme l’utilisation du noir & blanc. Le choix de l’absence complète de dialogues limités à des sons de gorges allant du rire à la déglutition confine à la sobriété monacale, fort heureusement contenue par la musique d’Eric Serra, mais n’empêche nullement de comprendre l’histoire et la sert même. En revanche, le choix de ne pas éclairer le spectateur sur certains évènements comme les mystérieuses créatures nocturnes rencontrées par l’homme après son atterrissage dans une zone interdite, est pour le moins frustrant.

Fable sur la nature humaine, le film de Jolivet et Besson rappelle La guerre du feu en opposant les instincts primaires des hommes et leur capacité à s’émerveiller devant la beauté . La quête de l’homme Jolivet est ici celle de la femme devenue symbole de beauté pour des hommes privés de la parole, peut-être par des évènements traumatisants et devenant ainsi plus proches des Néandertaliens d’Annaud. Ainsi le docteur couche sur les murs des peintures d’inspiration rupestres. A l’inverse, la brute incarne avec le contexte, le potentiel de nuisance de l’humanité, un thème récurrent du cinéma militant de Pierre Jolivet qui n’hésitera pas, par la suite, à réutiliser la SF.

La femme est aussi symbole de fertilité dans une terre dévastée et donc d’avenir. La fin du film tient d’ailleurs un peu du happy end forcé, hâtif, même s’il a des côtés tragiques avant les dernières minutes. Tout peut alors recommencer.

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