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L’oeil du temps
L’odyssée du temps 1
samedi 17 avril 2010, par
Arthur C. CLARKE (1917-2008) et Stephen BAXTER (1957-)
Royaume-Uni, 2003
Bragelonne, coll. "Bragelonne SF", 384 p., 2010.
Arthur C Clarke et Stephen Baxter avaient déjà eu l’occasion de collaborer pour l’intéressant roman Lumière des jours enfuis, en un passage de relais entre générations hautement symbolique. Avec L’œil du temps, tardivement traduit en France, c’est à une trilogie qu’ils s’attaquent, sans que l’on sache exactement quelle est la part respective de chacun (brainstorming mutuel, et rédaction sans doute largement dévolue à Baxter ?). Dans une région du nord de l’Afghanistan, divers individus d’époques différentes se retrouvent rassemblés : une hominidée et son petit ; une compagnie entière de soldats britanniques de la fin du XIXème siècle ; trois membres d’une mission de l’ONU de 2037, et l’équipage d’un Soyouz de la même époque. Tous ces naufragés temporels finissent par découvrir que la Terre sur laquelle ils se trouvent est en fait composée de la juxtaposition de zones issues de différentes époques, situées entre deux millions d’années dans le passé jusqu’au milieu du XXIème siècle, puzzle planétaire sur lequel certaines figures majeures, telles Kipling, Gengis Khan ou Alexandre le grand, se retrouvent échouées. L’interrogation fondamentale est bien sûr celle du pourquoi, d’autant que les seuls indices sont des petites sphères métalliques suspendues au dessus du sol à certains endroits…
La thématique privilégiée par Clarke et Baxter n’a en soi rien de foncièrement originale : un roman comme Darwinia, de Robert Charles Wilson, ou le cycle de Philip Jose Farmer, Le monde du fleuve, l’ont déjà décliné. Sans même parler du jeu de rôle Torg, qui s’est d’ailleurs également prolongé dans quelques livres. Si la lecture du roman, qui privilégie une intrigue linéaire, est agréable, elle n’a rien de réellement transcendant. On suit néanmoins avec intérêt les aventures de ces drôles d’élus, culminant dans un climax localisé à Babylone, au cours duquel les amateurs d’histoire militaire pourront s’en donner à cœur joie. Ces éléments d’histoire sont d’ailleurs un des apports vulgarisateurs les plus réussis du roman, et les erreurs sont rares (citons seulement page 358 l’idée fausse selon laquelle l’expédition d’Alexandre ne serait « (…) pas une quête en vue de résoudre des problèmes scientifiques »). Le rythme de l’intrigue est toutefois relativement pondéré, et ce n’est qu’à l’approche de la fin du livre que des éléments plus hard-SF, portant clairement l’empreinte de Baxter, sont présentés : quand bien même ceux-ci demeurent lacunaires, suscitant l’envie de lire la suite, cette idée de Premiers-nés n’est pas sans évoquer les Xeelees de Baxter ou les entités sises derrière les monolithes de Clarke.